Revue Suisse 1/2018
9 Revue Suisse / Janvier 2018 / N°1 formation relativement bas.» Silke Adamn’a pas de solution miracle face aux défis actuels de la presse: «Mais je pense qu’on ne peut pas se passer du service public. Une étude ré- centemontre que dans les pays où lesmédias sont financés par le marché, la différence entre l’information des per- sonnes les plus et les moins formées est plus importante que dans les pays disposant d’un système médiatique sub- ventionné par une redevance.» Des médias entièrement financés par le marché ou un service public? Le débat sur l’avenir de la radio et de la télévision publiques qui agite actuellement la Suisse n’a jamais été aussi âpre. La suppression de la redevance radio et télévision, comme le demande l’initiative No Billag, diminuerait de 75% les re- venus des diffuseurs de programmes radio et télévision concessionnaires. Sur leur site Web, les initiants arguent que «l’obligation de payer des redevances pour la radio et la télévision limite la liberté de choix de chaque individu». Chaque personne doit pouvoir décider de la manière dont elle souhaite dépenser l’argent durement gagné. C’est pour- quoi les partisans de No Billag veulent mettre fin au «qua- si-monopole» de la SSR et le remplacer par une concurrence entre les médias. Les initiants souhaitent un paysage médiatique qui «obéit à une pure logique demarché», écrit le Conseil fédéral dans son message sur l’initiative populaire. Il met en garde contre la disparition d’offres comparables et de qualité dans toutes les régions linguistiques et ajoute que ce serait la fin du service public, que la diversité de l’offre et des opinions à la radio et à la télévision diminuerait et qu’il serait diffi- cile demaintenir un journalisme de qualité. Il rappelle que le système actuel garantit en revanche des médias électro- niques qui contribuent au bon fonctionnement de la for- mation démocratique de l’opinion et de la volonté ainsi qu’au développement culturel et qu’en tant qu’association indépendante des intérêts politiques et économiques, la SSR est tenue de garantir dans ce contexte une offre variée tenant aussi compte des intérêts des minorités. Violente prise de bec au Parlement Comme le Conseil fédéral, le Parlement s’oppose aussi ca- tégoriquement à l’initiative. Les déclarations favorables émanent jusqu’à présent uniquement de l’UDC. Le conseil- ler national UDC Lukas Reimann parle «d’arnaque», son ho- mologue Claudio Zanetti reproche à la SSR d’être fidèle au gouvernement, favorable à l’UE et trop à gauche dans ses informations. Enfin, l’UDC Thomas Müller qualifie la SSR de «fabrique d’opinions financée par la redevance». La large coalition des opposants pense exactement le contraire. La conseillère nationale PDC Ida Glanzmann dé- clare que si les médias étaient exclusivement contrôlés par des groupes privés, l’opinion serait influencée et manipu- lée. Le PS Matthias Aebischer met même en garde contre une «Berlusconisation» de la Suisse, soit contre une concen- tration desmédias entre lesmains desmilliardaires. Le pré- sident du groupe PS Roger Nordmann explique que si l’ini- tiative était approuvée, la SSR serait moins attractive pour la publicité, car son public seraitmoins large. Selon lui, cela profiterait aux fenêtres publicitaires des télévisions étran- gères, à Google et à Facebook. Pour la présidente des Verts, La diversité de la presse en Suisse di- minue alors que la concentration au sein de quelques maisons d’édition s’accélère. Photos Keystone Les groupes AZ Medien et NZZ fusionnent leurs titres régionaux La nouvelle nous est parvenue à la dernière minute: AZ Medien et le groupe de médias NZZ ont annoncé qu’ils allaient regrouper leurs titres régionaux et créer une société qui réunira sous un même toit 20 titres payants dans 13 cantons. Les deux groupes souhaitent faire de la nouvelle société le numéro un du marché en Suisse alémanique. Et si on considère l’ensemble des titres régionaux des deux éditeurs, ils couvrent effective- ment une grande partie de la Suisse alémanique, depuis sa partie orientale jusqu’à Soleure, en passant par la Suisse centrale. La fusion doit encore être approuvée par la Commission de la concurrence.
RkJQdWJsaXNoZXIy MjYwNzMx