Revue Suisse 1/2019

Revue Suisse / Janvier 2019 / N°1 22 confiance de la population dans les assurances sociales et affaiblit la solidarité et la volonté de supporter les coûts en commun. Nouveaux concurrents pour les partis et les associations Les trois objets très différents et leurs campagnes ont un point commun, car ils révèlent tous un phénomène récent dans la démocratie suisse: les partis et les associations – soit les institutions traditionnellement à la source des référen- dums – ont été massivement concurrencés par différents groupes de la société civile. Le référendumcontre la surveil- lance des assurés est le premier référendum numérique de l’histoire, organisé par ungroupe de quatre personnes. L’ini- tiativepour les vaches à cornes est le fruit du travail d’un seul homme. Et la campagne contre l’initiative de l’UDC a été coordonnéepar des groupes de la société civile extrêmement bien reliés et puissants, qui se sont unis en faisant fides idéo- logies et des barrières politiques et qui ontœuvré en grande partieendehorsduspectre traditionnel despartis. LeConseil fédéral, le Parlement, les partis et les associations doivent se préparer à affronter des nouveaux acteurs politiques. Il est probableque les processus politiques deviendront ainsi plus compliqués et plus difficiles à piloter. Mais pour la démocra- tie directe, c’est là une bonne nouvelle. tique. Faisant presque cavalier seul, épaulé par quelques sympathisants, il a récolté environ 120000 signatures. Ar- min Capaul voulait faire inscrire dans la Constitution des subventions publiques pour les détenteurs de vaches et de chèvres à cornes. Il soulignait que l’écornage par brûlure est une forme de cruauté envers les animaux, une mutila- tion portant atteinte à leur dignité. Pour lui, un soutien fi- nancier était nécessaire dans la mesure où la détention de bétail à cornes nécessite davantage de place. Ses détracteurs affirmaient que les animaux dotés de cornes sont dange- reux. Et que l’initiative populaire était susceptible de nuire même au bien des animaux, car de nombreux paysans at- tacheraient leurs bêtes à cornes dans les étables au lieu de les laisser évoluer en stabulation libre. Seuls des cercles éco- logiques de gauche ont soutenu le paysan. Néanmoins, ce- lui-ci est parvenu, avec son initiative, à attirer l’attention des médias du monde entier. Le référendum contre les détectives sociaux n’a eu au- cune chance. Ainsi, la loi relative à la surveillance cachée des assurés a été clairement acceptée par 64,7 % des voix. Pour ses opposants, elle allait trop loin. Ils craignaient que les détectives des assurances n’aient le droit d’espion- ner les fraudeurs présumés jusque dans leur chambre à coucher, violant ainsi le droit fondamental à la sphère pri- vée. Le Conseil fédéral, le Parlement et les partis bour- geois ont argué que la fraude aux assurances sape la Son initiative n’était pas celle qui avait la plus grande portée, mais elle a capté l’intérêt des médias du monde entier: Armin Capaul, pay- san de montagne et père de l’initiative pour les vaches à cornes, rejetée dans les urnes. Photo: Keystone

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