Revue Suisse 3/2019
Revue Suisse / Mai 2019 / N°3 21 pour y accéder, mais les civilistes, outre l’intérêt intrin- sèque qu’ils prêtent à leursmissions, pointent de nombreux avantages par rapport au service militaire. Le premier est la possibilité de rentrer chez soi le soir. Le deuxième a trait au défraiement de cette activité en plus des sommes versées aux appelés par l’Assurance perte de gains. Léo a touché 500 francs supplémentaires de la part du Tremplin, pour un to- tal de 2300 francs mensuels. Mieux qu’à l’armée. Autre bé- néfice, la délivrance de certificats de travail. «J’ai pu faire valoir mon expérience dans l’ONG où j’ai fait mon service civil», raconte Milan, ce qui n’aurait pas été le cas avec un service militaire, même si celui-ci peut dans certains cas ouvrir des portes. Le Conseil fédéral veut freiner le service civil Le service civil répond des besoins dans le social, la santé et l’éducation et il séduit de plus en plus de jeunes. Entre 2010 et 2017, le nombre de jours effectués au sein du service civil a plus que doublé, passant de 878000 à 1,78 millions, «La preuve de l’existence de Dieu», un hommage à des pionniers du service civil C’est l’histoire rocambolesque d’une bande de jeunes contestataires, re- vendiquant un service civil en Suisse, qui déposent leurs armes et leurs uni- formes devant le Palais fédéral, et qui font déchirer leur livret militaire par des femmes. Ainsi va l’action qui s’est déroulée le 22 avril 1971 à Berne. Elle constitue le point de départ du film du Genevois Fred Baillif. Projeté à Ge- nève le 14 mars 2019 dans le cadre du Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève , ce faux documentaire sous forme d’hommage brasse des questions qui ont trait au militantisme, mais aussi «au statut des seniors dans notre so- ciété, qui une fois leur travail terminé, sont jetés hors de la société», dénonce le réalisateur. «La preuve scientifique de l’exis- tence de Dieu» est jouée par des pro- tagonistes de cette action militante, lesquels donnent la réplique à des ac- teurs confirmés, que sont Jean-Luc Bideau et Irène Jacob. Dans le film, six contestataires seniors militent contre les exportations d’armes et font le choix du terrorisme en faisant exploser une usine d’armes. Dans la réalité, l’action menée à Berne en- traînera des peines allant jusqu’à 4 mois et demi fermes, raconte Alain Simonin, un des acteurs de cette épo- pée. L’opération des Genevois avait impliqué 22 hommes et 8 femmes. Elle avait été préparée avec l’aide de deux avocats genevois, futurs conseillers d’Etat: Christian Grobet et Bernard Ziegler. Objectif? Prévoir un délit qui entraîne des condamna- tions pénales et qui incrimine les femmes, celui de dilapidation de ma- tériel militaire. Au final l’objectif de ce groupe, qui comportait notam- ment un théologien et un garagiste, ne sera pas atteint. Il s’agissait d’obte- nir une condamnation collective, donc un procès politique, mais cha- cun sera jugé séparément et les femmes seront relaxées. Le groupe obtiendra une réponse sur le fond, si- gnée par le Conseil fédéral, à qui avait été livré un manifeste de 400 pages sur le service civil. «Notre engage- ment a eu un poids sur la création d’un service civil», juge Michel Ser- met, qui a purgé sa peine à Genève. Parti d’un groupe militant gene- vois, qui avait mis sur pied un service à la population incarnant un service civil, le mouvement pour un service civil à la communauté s’était répliqué dans d’autres cantons romands et avait suscité l’appui d’intellectuels des deux côtés de la Sarine. «Nous avons payé pour notre action, et notre condamnation nous a apporté de la crédibilité», se réjouit rétrospective- ment Alain Simonin. (SH) Michel Sermet Photo fresh prod Alain Simonin Photo fresh prod
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