Revue Suisse 4/2019

Revue Suisse / Juillet 2019 / N°4 8 En profondeur 14,8% en 2015. Une hausse énorme à l’échelle suisse, qui a eu lieu au détri- ment de la droite de l’UDC et des radi- caux. Les élections parlementaires qui ont suivi dans les cantons de Bâle-Campagne et de Lucerne ont donné lieu à des résultats similaires. Le scrutin zurichois a toujours été un baromètre fiable des tendances atten- dues pour les élections fédérales de l’automne. La plupart des politologues sont donc d’avis que le 20 octobre, le succès des écologistes et le recul du camp bourgeois de droite pourraient bien se confirmer. Comment les grévistes abordent- ils l’automne électoral? Sophie Feuz: «Je crois que nous allons influencer les élections de manière déterminante.» Avant de nuancer: «Si l’intérêt des jeunes ne faiblit pas.» Autour d’elle, certains se contentent en effet de «descendre une seule fois» dans la rue, «mais nous sommes aussi toujours plus nombreux à participer.» Elle croirait encore davantage à l’impact dumouvement si le droit de vote était abaissé à 16 ans au plan national. Se- lon elle, l’intérêt pour la politique est nettement plus marqué à cet âge qu’à Le PBD mise sur l’initiative pour les glaciers Comme le PDC, le PBD soutient une loi forte sur le CO 2 . Après l’échec du projet au Conseil national, le parti a caressé l’idée de lancer sa propre initiative populaire avec pour but que la Suisse n’homologue plus de voitures neuves dotées de moteurs à combustion dès 2040. Le parti a fini par abandonner cette idée et sou- tient à la place l’initiative pour les glaciers. Largement soutenue, elle vise à ancrer les ob- jectifs de l’accord de Paris sur le climat dans la Constitution. Le PBD contribue ainsi à unir les efforts et se présente comme un parti pragma- tique, axé sur les solutions, fidèle à son slogan électoral «Ennuyeux, mais bien». Marquer des points sur la question climatique cet automne pourrait toutefois s’avérer compliqué pour le parti, après le renoncement à son initiative. Poids politique: 7 sièges au Conseil national, 1 au Conseil des États. Politique environnementale du PBD: ogy.de/pbd-climat Le PLR à l’aube d’un virage vert 78% des membres du PLR souhaitent que leur parti s’engage davantage en faveur de l’environ- nement et du climat. Ce chiffre ressort d’un sondage interne commandé par sa présidente Petra Gössi. La base est favorable à une taxe sur les billets d’avion ainsi qu’à une réduction considérable des émissions de CO 2 en Suisse. Jusqu’ici pourtant, la fraction PLR du Parlement s’était opposée à ces deux objets. Dans un pre- mier temps, ce changement de cap sera inscrit dans une nouvelle prise de position intégrant des exigences en matière d’habitat, de trafic, de travail/formation et de milieu naturel, destinée à servir de fil rouge à la politique du parti ces prochaines années. Reste à savoir si ce revire- ment lui permettra de profiter de la vague verte aux élections de cet automne. Poids politique: 33 sièges au Conseil national, 13 au Conseil des États, 2 au Conseil fédéral. Politique environnementale du PLR: ogy.de/fdp-klima L’UDC dénonce une «hystérie climatique» La politique climatique et environnementale n’est pas prioritaire à l’UDC. Le parti prend clairement position contre «l’hystérie climatique», qui conduirait à un excès d’interdictions venues de la gauche. L’UDC mise plutôt sur le libre arbitre et la responsabilité individuelle. Il s’oppose à toute nouvelle taxe et privilégie, en matière de politique climatique et environnementale, des incitations fiscales, par exemple pour la rénovation des bâtiments. Il refuse en particulier que la Suisse fasse cavalier seul dans la diminution par deux des émissions de CO 2 d’ici 2030 sans engagement ferme de tous les États. En vue des élections fédérales du 20 octobre, l’UDC mise sur un électorat anti-écologiste et se positionne comme le lobby des automobilistes et contre les entraves à la mobilité. Poids politique : 66 sièges au Conseil national, 5 au Conseil des États, 2 au Conseil fédéral Politique environnementale de l’UDC : ogy.de/udc-climat 20 ans: «On s’efforce de développer notre sens civique à l’école. Beaucoup de jeunes sont super bien informés.» Une fois l’école terminée, ce sens ci- vique reste en jachère faute d’arène où s’exprimer. L’envie de participer à la vie politique s’éteint alors rapide- ment. Le PLR corrige le tir, l’UDC espère Les deux plus grands partis bourgeois, l’UDC et le PLR, réagissent très diffé- remment à la grève climatique et à son large impact. Présidente des Libé- raux-Radicaux, Petra Gössi s’appuie sur un sondage réalisé auprès de la base du parti pour lui faire prendre un cap plus vert. Ainsi, le PLR exige aussi désormais l’introduction d’une taxe sur le CO 2 pour l’essence et le diesel. Cette politique ne fait toutefois pas l’unanimité. Membre de la direction du parti, Christian Wasserfallen a cri- tiqué ce «changement de couleur» inu- tile. Les électeurs souhaitant voter écolo donneront directement leur voix aux Verts. Pour l’UDC, la situation est nette- ment plus complexe. Peindre le parti en vert serait tout sauf crédible. Ce- lui-ci mise donc sur l’espoir: il main- tient son cap en espérant que le sujet du climat sera déjà tombé dans l’oubli cet automne. C’est dumoins ce qu’ont assuré les ténors de l’UDC après les mauvais résultats cantonaux. Mais une partie de la base traditionnelle n’y croit pas, notamment les agriculteurs qui se heurtent aux effets du change- ment climatique. La tête de l’UDC a donc décidé de passer à l’offensive contre les jeunes mobilisés pour le cli- mat et de se présenter comme le der- nier parti défendant ardemment les intérêts des automobilistes. Son pré-

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