Revue Suisse 6/2019
Revue Suisse / Novembre 2019 / N°6 29 codes QR à la fin des récits des audi- teurs, on peut écouter la bande-son sur YouTube. Pierre Lepori, né en 1968 à Lugano, vit à Lausanne. L’auteur et correspon- dant culturel de la radio suisse a tra- duit lui-même son ouvrage (titre ori- ginal: «Effetto notte») en français. RUTH VON GUNTEN Pierre Lepori, «Nuit américaine» Éditions d’en bas, Lausanne 2018. 108 pages; CHF 23. –/€ 14.– Autres lectures conseillées (Tessin) Flavio Stroppini, «Comunque. Tell» (Capelli), La légende de Guillaume Tell racontée et illustrée sur un ton irrévérencieux et ironique. Marco Zappa, «AlVentAlBoffa...Ammò» (Dadò), Les magnifiques textes du musicien tessinois édités à l’occasion de son 70 e anniversaire. Die Wölfin – La luffa On l’appelle «Bub» («garçonnet»). Après le suicide de son père, il grandit auprès de ses grands-parents et de son ar- rière-grand-mère dans un village de montagne des Grisons. Le grand-père manchot, avec ses références histo- riques, ses idées bizarres et ses pen- sées philosophiques, façonne son en- fance autant que sa grand-mère, qui règne sans dire un mot. Chaque page du texte est une miniature approfon- dissant la quête de l’histoire familiale du jeune homme et la formation de son identité. La langue de Leo Tuor est simple, d’apparence légère et poétique. Édité une première fois en 2002, l’ouvragede l’écrivain romancheparaît àprésent dans une version remaniée et bilingue romanche/allemand. La tra- ductionest l’œuvrede Peter Egloff. Leo Tuor, né en 1959 aux Grisons, vit dans le Val Sumvitg (Surselva, GR). RUTH VON GUNTEN Leo Tuor, «Die Wölfin / La Luffa» , Éditions Limmat, Zurich 2019, 368 pages; CHF/€ 38.50 d’une recette. Le style? Joël Dicker déroule une écriture sans grande aspérité, ponctuée d’expressions convenues. Ses personnages sont cari- caturaux. Ainsi cet avocat new-yorkais, star du barreau, nommé … Starr. Mais, critiques passez votre chemin! L’au- teur fait passer lemessage à travers un certainMetaOstrovski. Lamaxime de ce critique littéraire? «Surtout, ne ja- mais aimer. Aimer, c’est être faible.» Ce coup de pied aux inévitables contemp- teurs de l’œuvre deDicker est à l’image de ce polar: un peu naïf, un peu grand guignol. «LaDisparition» est d’ailleurs sauvée d’une certaine platitude grâce à des pointes d’humour potache. STEPHANE HERZOG «La disparition de Stéphanie Mailer», Joël Dicker, Edition De Fallois poche, 840 pages Autres lectures conseillées (Suisse romande) Roland Buti, «Grand National» (Zoé) Un roman concis et plein d’amour sur un homme d’âge moyen en crise. Pascal Janovjak: «Le Zoo de Rome» (Actes Sud) Une visite du zoo de Rome se transforme en miroir de l’histoire du XX e siècle. Collectif, «Tu es la sœur que je choisis» Des autrices romandes parlent de la grève des femmes du 14 juin 2019. Nuit américaine Alexandre anime une émission de ra- dio de nuit dans laquelle les audi- teurs appellent pour se confier. Après une émission qui se passe mal, il est envoyé en vacances forcées. De l’autre côté de l’océan, l’animateur en crise se rapproche lentement de lui- même. Les chapitres des récits des auditeurs sont habilement tissés avec ceux racontant son séjour aux États-Unis. Ce bref ouvrage, tantôt sérieux et observateur, tantôt ab- surde et amusant, s’ouvre sans cesse sur de nouvelles histoires et de nou- veaux univers musicaux. En scan- nant avec un téléphone portable les Personnages fragiles, et un saut dans le vide Une jeune femme se tient debout au bord d’un toit et menace de sauter. Elle y reste près de deux jours, retenant toute la ville en otage. Simone Lappert, née en 1985 à Aarau, exploite l’incident pour décrire les réactions d’une pro- fusion de personnages de différentes généra- tions et donner à chacun une existence propre. Il y a là de vieilles personnes lassées par la vie, des jeunes pour qui tout est encore pos- sible, et des individus d’âge moyen dévorés par leurs obligations professionnelles. Il y a là Manu, la femme sur le toit, et son ami Finn, livreur à vélo. Il y a un couple d’âge mûr, pro- priétaire d’un magasin d’alimentation, qui se résigne à plonger toujours plus bas dans les chiffres rouges, il y a un sans-abri qui vend aux passants de petits billets contenant des questions, il y a une adolescente qui cherche un moyen d’échapper à ses cours de natation, il y aussi Roswitha, la propriétaire du café dans lequel les personnages du roman se re- trouvent. Simone Lappert raconte les vies de ces protagonistes de manière magnifiquement évocatrice, laissant à dessein l’énigme de Manu et de son suicide dans le flou. L’idée de ce saut dans le vide qui s’achève dans le filet des pompiers pourrait paraître quelque peu construite, mais la peinture des différents per- sonnages, de leurs joies et de leurs peines, fait de ce livre un moment de lecture fort, qui n’est pas sans rappeler le roman de Carson McCullers, «Le cœur est un chasseur soli- taire», paru en 1940, dans lequel une série de personnages marquants donne vie à toute une ville. CHARLES LINSMAYER Simone Lappert, «Der Sprung» , Roman. Éd. Diogenes, Zurich, 330 pages, reliure en lin à couverture rigide, 30 francs, e-book 24 francs (en allemand) Vous trouverez d’autres conseils de lecture sur www.revue.ch/fr
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