Revue Suisse 2/2020
Revue Suisse / Avril 2020 / N°2 7 Le photographe anima- lier Peter A. Dettling a réussi à prendre ce cliché – l’un des pre- miers ne provenant pas d’un piège photo- graphique – d’un loup en liberté en août 2006 dans la région de Surselva. 1874, le loup faisait partie des attrac- tions majeures du pavillon des pré- dateurs à côté du lynx, du blaireau et du renard. Aujourd’hui, l’enclos des loups est utilisé à d’autres fins: Cléo- pâtre et César, les deux derniers in- dividus de l’ancienne meute, ont été endormis et ainsi délivrés des maux dus à leur grand âge l’été dernier. Tandis que le Zoo de Bâle a désormais renoncé à garder des loups, on peut toujours admirer le carnassier dans plusieurs réserves naturelles suisses. Entre crainte et fascination En liberté en revanche, on a peu de chances d’apercevoir le loup, qui est farouche. Le photographe animalier Peter A. Dettling a réussi à prendre en 2006 l’un des premiers clichés d’un loup vivant en liberté en Suisse dans la région de Surselva. Âgé de 48 ans, ce Suisse de l’étranger vit essentielle- ment au Canada depuis 2002. Il a ob- servé pendant des années le compor- tement social de meutes de loups dans le parc national de Banff. Quand, en 2012, on a trouvé des preuves de l’existence de la première meute suisse dans le massif du Calanda, le photographe est revenu dans les Gri- sons pour suivre l’évolution de ces loups. Ce passionné prend la défense de l’«animal incompris» par des expo- sés, des excursions et des livres (voir encadré). Pour lui, le loup a été accusé à tort, pendant des siècles, d’être un chasseur assoiffé de sang. On a oublié ce faisant que le loup, ancêtre du chien, «est notre plus ancien allié, qui a grandement contribué au dévelop- pement de l’humanité», avance Peter A. Dettling. Le retour du loup suscite par contre peu d’enthousiasme chez les éleveurs, notamment de moutons, dont les bêtes ont été attaquées par le prédateur. Suivant son instinct natu- rel, le loup s’attaque à une proie dès que l’occasion se présente – un com- portement tout à fait judicieux dans la nature, ou le succès de la chasse n’est pas garanti. Son instinct de tueur est donc régulièrement réveillé par des moutons égarés, ce qui a en- traîné plusieurs «carnages» dans les pâturages et laissé des paysans fort dépités. Depuis que bon nombre d’éleveurs de moutons protègent mieux leurs troupeaux, les dégâts sont moins importants et les indignés qui appellent à une nouvelle éradica- tion du loup crient moins fort. Tirs déjà autorisés Comme le montre une statistique du KORA, fondation pour l’écologie des carnivores et la gestion de la faune sauvage qui, sur mandat de la Confé- dération, surveille l’évolution de la population des prédateurs et ses conséquences, les loups ont tué au to- tal près de 3700 animaux de ferme entre 1999 et 2018. Les éleveurs concernés reçoivent une compensa- tion financière de la part de la Confé- dération et des cantons pour les ani- maux tués par le loup. À l’avenir, ils ne seront cependant dédommagés que s’ils protègent leurs troupeaux de façon adéquate, par exemple au moyen de clôtures électriques et de chiens spécialement dressés pour surveiller les troupeaux de moutons à l’alpage et les défendre contre le loup. La Confédération subventionne ces mesures de protection des trou- Un chien de berger de Maremme et Abruzzes garde des moutons sur un alpage dans les Grisons. Photo Peter A. Dettling, www.TerraMagica.ca
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