Revue Suisse 5/2021
Revue Suisse / Octobre 2021 / N°5 7 universitaires de Zurich et de Lausanne emploient en revanche bien davantage de travailleurs étrangers dans le secteur des soins, soit res- pectivement environ 60% et 50%. Les ménages privés engagent eux aussi de plus en plus de soignantes d’Allemagne et d’Europe de l’Est. Ces femmes sont en service presque 24h/24, ont des salaires inférieurs et rentrent dans leur pays après quelques mois. Le fait de compenser les sous-effectifs par de la main-d’œuvre étrangère est problématique pour des raisons éthiques: la Suisse compte sur des personnes qui ont été formées à l’étranger et dont l’étranger a besoin. À l’avenir, il pourrait être plus difficile de recruter hors de nos frontières, car les pays d’origine de ces travailleurs font davantage d’efforts pour les retenir. En même temps, les besoins en personnel continueront d’augmenter fortement en Suisse, notamment en raison du vieillissement de la population. Grand savoir-faire, peu d’autonomie Si l’on observe le nombre d’infirmières et d’infirmiers pour 1000 habi- tants, la Suisse s’en sort bien par rapport à d’autres pays. Mais il serait fauxd’en conclureque la situationdumétier est plus confortablequ’ail- leurs, souligne Rebecca Spirig, professeure à l’Institut des sciences in- firmières de l’universitédeBâle: «Il faut considérer toutes les personnes qui sont prises en compte dans ce chiffre et comment elles sont em- ployées.» En Allemagne, par exemple, le traitement des plaies ne fait partie du secteur des soins que depuis quelques années. En Suisse, la pratique des injections et la pose de perfusions sont comprises dans la formation de base. Aux États-Unis, ce sont des nurse practitioners qui prodiguent les premiers soins à la population. Et la Hollande a mis en place le modèle buurtzorg (aide à domicile) avec des équipes de soins à l’organisation très autonome, qui consultent, décident, traitent, coor- donnent et font appel, si nécessaire, à d’autres professionnels. Les médecins ont un rôle prépondérant «La Suisse n’est pas une pionnière», relève Rebecca Spirig. Son système de soins repose largement sur l’expertise médicale: «Les infirmières et infirmiers ont un grand savoir-faire, mais prennent peu de déci- sions». En effet, même desmesures élémentaires comme le port de bas de contention requièrent une ordonnancemédicale. À cela s’ajoute un certain flou: les personnes ayant besoin de soins et vivant chez elles Lorsque le personnel infirmier vient à manquer, les contacts humains entre soi- gnants et soignés en pâtissent. Ce problème va encore s’aggraver en raison du vieillisse- ment de la population. Photo Keystone
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