EVELINE RUTZ Nous sommes sur la bonne voie. Ainsi peut-on résumer ce que la Chancellerie fédérale et la Poste suisse ont annoncé en avril en matière de vote électronique. Un rapport a en effet été rendu par des experts indépendants, qui ont examiné le système d’e-voting de la Poste sous toutes les coutures. Il atteste que des progrès «essentiels» ont été réalisés. Depuis 2019, la documentation est par exemple devenue plus claire, plus complète et mieux structurée. Le code source obtient lui aussi dans l’ensemble un bon certificat. Mais les experts relèvent également des faiblesses. Notamment dans le protocole cryptographique, qui sert à vérifier les voix données sans violer le secret du vote, et qui a une importance capitale pour la sécurité. La Poste a déjà tenu compte d’une partie de ces résultats, elle indique que le projet se trouve à présent dans une «nouvelle phase de développement» et qu’il sera prêt en 2023. Le vote électronique, un serpent de mer suisse Au cours de ces dernières années, on a plusieurs fois cru imminente l’émergence d’un canal de vote et d’élection numérique. Cependant, les annonces positives ont toujours été suivies de revers, et les espoirs, douchés. Le vote électronique a été testé pour la preEn matière d’e-voting, tous les espoirs reposent sur la Poste En Suisse, il n’est pour l’heure pas possible de voter en ligne. Si tout se déroule comme prévu, les cantons pourront reprendre leurs essais en 2023. Date à laquelle le système de vote électronique de la Poste devrait être disponible. mière fois en 2004. En 2015, il était même possible, dans certains cantons, de participer aux élections nationales au moyen d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone. Les Suisses de l’étranger en ont fait un usage assidu: un tiers de voix en plus que d’ordinaire ont été enregistrées en provenance de la «Cinquième Suisse». Quinze cantons ont effectué plus de 300 essais, jusqu’à ce que la Confédération décide de mettre fin à l’exercice en 2019. Des réflexions financières ont poussé le canton de Genève à tirer la prise de sa solution informatique, et la Poste en a fait de même en raison de lacunes de sécurité. La Confédération a adapté les conditions cadres pour un nouvel essai. Elle a renforcé les exigences en matière de sécurité, s’est prononcée en faveur d’une stratégie open source et a annoncé engager des spécialistes indépendants pour des audits des systèmes. Le premier vient d’avoir lieu. Trois cantons prévoient des essais en 2023 Ariane Rustichelli, directrice de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), fait preuve d’un optimisme prudent: «Nous avons confiance dans le processus et espérons que la Poste pourra procéder rapidement aux améliorations requises.» Les défenseurs d’un canal de vote électronique, dit-elle, ont été déçus plus d’une fois. «Nous ne croirons aux avancées que lorsqu’elles seront palpables.» Il est probable que la volonté politique de permettre à l’e-voting de voir le jour dans un futur proche ait pris de l’ampleur grâce à la crise du coronavirus. Cette situation d’exception a montré à quel point les prestations numériques peuvent être précieuses. «La «Nous avons confiance dans le processus et espérons que la Poste pourra procéder rapidement aux améliorations requises.» Ariane Rustichelli, directrice de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) Revue Suisse / Août 2022 / N°4 16 Politique
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