cyberadministration contribue à assurer notre démocratie directe», déclare Ariane Rustichelli. Certains cantons – Bâle-Ville, Saint-Gall et Thurgovie – sont intéressés à procéder à des essais en 2023. Et les Grisons souhaitent s’y mettre en 2024. La Haute école spécialisée publie aussi le code source Si tous les regards sont actuellement tournés vers la Poste suisse, c’est que la concurrence fait défaut. Le système de vote électronique du canton de Genève a certes fait l’objet d’un suivi, mais seulement dans un domaine. Une équipe de la Haute école spécialisée bernoise, qui avait déjà été consultée précédemment pour les spécifications cryptographiques, a continué de s’occuper du code source dès 2019. Quand le mandat du canton pionnier a pris fin, elle a poursuivi ses travaux dans le cadre d’un projet de cyberadministration de la Confédération. «Nous avons pu mettre en œuvre toutes les parties du système ayant trait à la sécurité», relate le professeur d’informatique Rolf Haenni. Ces efforts ont payé: le code en accès public a atteint un bon niveau de qualité. Des tiers pourraient s’en inspirer, indique Rolf Haenni. «Hélas, aucune entreprise ne s’y est intéressée jusqu’ici.» Les jeunes font presque tout au moyen de leur smartphone Développer un système d’e-voting est extrêmement complexe et coûte cher, note Ariane Rustichelli, soulignant que la Poste a déjà investi beaucoup d’argent et de temps pour ce faire. «Nous espérons qu’elle poursuivra son engagement.» La Poste insiste sur l’importance stratégique du projet. «Il y va de notre avenir dans un monde de plus en plus numérisé: c’est donc un investissement décisif pour la Poste de demain», déclare Silvana Grellmann, porte-parole du géant jaune. Des sondages ont montré que les Suisses appellent de leurs vœux un canal de vote supplémentaire. Et ce souhait ne fera que grandir. «La génération montante a l’habitude de tout faire au moyen d’un smartphone. Elle aurait du mal à comprendre que cela ne soit pas possible pour la participation politique dans un avenir proche.» La Poste confirme son intention de proposer un système de vote électronique en 2023. Elle subordonne cependant la vitesse à la sécurité. Son directeur général, Roberto Cirillo, a récemment déclaré aux médias: «Le plus grand défi est de maintenir la confiance dans notre solution». L’entreprise communique donc avec transparence la manière dont elle dépiste et élimine les erreurs. En 2021, elle a publié son code source et lancé un programme de primes aux bugs. Elle a reçu près de 130 messages de la sphère des hackers et distribué 97 000 francs aux plus pertinents d’entre eux. La Poste ne révèle pas, en revanche, les sommes qu’elle dépense par ailleurs pour le vote électronique. Quand La Poste aura amélioré sa solution informatique, un nouvel audit indépendant sera organisé. Une fois les résultats connus, les cantons pourront agir et demander une autorisation pour de nouveaux essais. Selon les cas, ils devront adapter leur infrastructure, leurs processus, leurs interfaces avec d’autres systèmes et les cartes de vote. «Ce projet d’intégration durera entre un an et un an et demi en raison de différents facteurs et délais», relève Barbara Schüpbach-Guggenbühl, présidente de la Conférence des Chanceliers d’État. D’après elle, introduire le vote électronique lors des élections fédérales de l’automne 2023 est donc un objectif ambitieux. Il est peu probable qu’il puisse être atteint. Les près de 788000 Suisses qui vivent à l’étranger devront sans doute continuer à se fier au vote par correspondance. Ariane Rustichelli trouverait cela dommage: «Comme les documents arrivent souvent trop tard, bon nombre de Suisses de l’étranger ne pourront pas exercer leurs droits politiques.» «Le plus grand défi est de maintenir la confiance dans notre solution» Roberto Cirillo, Directeur général de la Poste Revue Suisse / Août 2022 / N°4 17
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