pectivement. Dans les prospères cantons urbains de Bâle-Ville et Genève, elle ne s’élève qu’à 15% et 18%, respectivement. Ici, comme en général dans les grandes villes et les cantons économiquement forts à l’instar de Zurich et Zoug, on vit la plupart du temps en location. Thèse n° 4: Louer un logement «fonctionne» bien et coûte souvent moins cher que le posséder Le géographe politique Michael Hermann a une explication surprenante au sujet de la forte proportion de locataires en Suisse. «Il existe une confiance fondamentale dans le fait que l’habitat fonctionne, même quand on n’est pas propriétaire.» Globalement, dit-il, «les formes d’activité économique collectives ou coopératives ont en Suisse une tradition plus forte qu’ailleurs». Cela se voit, par exemple, dans les chaînes de commerce de détail Migros et Coop, organisées en coopératives. Mais aussi dans les buanderies, qui sont souvent, de manière typiquement suisse, utilisées en commun dans les immeubles locatifs. En outre, louer coûte moins cher que posséder, du moins c’est à nouveau le cas depuis peu, comme les économistes de la banque Credit Suisse l’affirment dans une étude récente: «Les coûts globaux du logement en propriété dépassent les coûts de location d’un logement comparable.» Cela est dû à la remontée des taux des crédits immobiliers. Auparavant, pendant la période de taux bas qui durait depuis 2008, c’était le très rares, se transmettent souvent en sous-main. Quiconque ne dispose pas d’un revenu assuré ou d’un large cercle d’amis doit se résoudre à vivre plus loin du centre ou dans un endroit peu plaisant, par exemple au bord d’une route bruyante à fort trafic. Thèse n° 6: Les locataires devraient avoir un poids politique prépondérant Dans la démocratie directe, pourrait-on croire, la majorité des locataires n’a aucun mal à s’imposer dans les urnes. On se trompe. Ainsi le peuple suisse a-t-il balayé avec 57% des voix, le 9 février 2020, l’initiative populaire «Davantage de logements abordables» de l’Association suisse des locataires (Asloca). Elle exigeait qu’au moins 10% des nouveaux logements soient «abordables», c’est-àdire d’utilité publique ou coopératifs. L’échec de ce scrutin n’est pas un cas isolé: l’Asloca n’a encore jamais réussi à faire passer une initiative populaire au plan national. La Suisse estelle un peuple de locataires qui se rêvent en propriétaires et votent comme tels? Pour l’association suisse des propriétaires (HEV), c’est incontestablement le cas. Elle renvoie à un sondage effectué auprès des personnes à la recherche d’un logement, qui établit que ce sont surtout celles d’âgemoyen qui veulent devenir propriétaires «en pensant au long terme». Et même la secrétaire générale de l’Asloca, la conseillère nationale verte Natalie Imboden, note «que le rêve de propriété existe, car il permet d’échapper au risque d’être chassé de son logement.» L’impression qu’à cause de cela, l’Asloca contraire. L’évolution peut ainsi être aussi interprétée comme un certain retour à la normale. De telles études disent néanmoins peu de choses sur les cas individuels. De plus, il faut souligner que l’habitat, tout comme la vie en Suisse, est généralement très cher en comparaison internationale. Les coûts de location pèsent lourd sur le budget des ménages, et particulièrement sur les plus pauvres. Thèse n° 5: La vie en location est variée, et parfois stressante En Suisse, la population s’avère trèsmobile en matière d’habitat. D’après les statistiques, une personne sur dix déménage chaque année. Et le changement de localité a visiblement moins d’importance que le changement de logement: la distance de déménagement moyenne ne s’élevait qu’à 12,5 kilomètres en 2020. Cependant, dans près de 75% des cas, le nombre de pièces change avec le déménagement. Et ce, dans les deux sens: on opte tantôt pour logement un plus grand, tantôt pour un plus petit. Apparemment, nombreuses sont les personnes qui adaptent la taille de leur logement au changement de leur situation privée. Fait peu surprenant: les personnes vivant en immeuble locatif déménagent deux fois plus souvent que celles qui habitent une villa. La vie en location est donc souvent «variée». Il n’est pas rare qu’une personne d’âge moyen ait déjà vécu dans une douzaine d’appartements ou plus. Mais cette flexibilité a sa zone d’ombre: dans la plupart des villes, la recherche d’un logement est presque un emploi à plein temps, et les beaux logements bon marché, Déménager est un sport national très répandu dans ce pays de locataires qu’est la Suisse. Ainsi, les cartons à bananes vides sont des biens précieux, car très recherchés. Photos Keystone Revue Suisse / Août 2022 / N°4 6 En profondeur
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