(swissuniversities), ajoute que les chercheurs suisses sont entièrement exclus de plusieurs domaines de recherche importants. Il mentionne l’initiative phare sur les technologies quantiques, qui a une importance stratégique pour le développement de la numérisation, la construction du réacteur à fusion nucléaire international ITER, un projet que la Suisse copilotait depuis 2007, et le programme pour une Europe numérique (Digital Europe), axé sur le calcul de haute performance, l’intelligence artificielle et la cybersécurité. L’érosion a déjà commencé D’après Martin Vetterli, la Suisse faisait jusqu’ici partie des pays associés les plus actifs de la recherche européenne, essentiellement dans les domaines de la santé, de l’environnement, du climat et de la technologie quantique. Depuis plus d’un an, elle est mise hors jeu malgré les efforts financiers de la Confédération, qui est intervenue par un financement transitoire s’élevant à 1,2 milliard de francs. Martin Vetterli relate l’histoire de start-up qui ont été créées sur le campus de l’EPFL et qui ouvrent à préquestion: la Suisse a-t-elle des chances de se voir réassociée bientôt aux programmes de l’UE? Il y va de la prospérité de la Suisse Travailler dans son coin? Dans le monde de la recherche, c’est impensable. Tout comme dans celui de l’innovation: en réaction à la non association de la Suisse, la célèbre entreprise genevoise ID Quantique (voir encadré, p. 5) a ouvert une filiale à Vienne pour conserver son accès à Horizon Europe. Yves Flückiger note que la centaine d’emplois qui auraient été créés en Suisse se trouvent à présent à Vienne. Pour la Suisse, l’enjeu d’Horizon Europe n’est pas seulement la recherche et les chercheurs, qui craignent pour leurs positions de pointe. C’est aussi les étudiants et les professeurs, qui hésitent désormais à venir en Suisse. Horizon Europe permet également le sent des bureaux en Europe pour s’assurer qu’elles pourront continuer d’attirer des talents et de profiter des fonds européens. Yves Flückiger connaît de premiers chercheurs qui ont quitté la Suisse pour la France, l’Autriche et la Belgique avec leurs bourses de l’ERC. Et Michael Hengartner constate que les candidats aux postes de professeurs dans les deux EPF posent désormais tous la même Dans le domaine de la recherche, la Suisse possède des liens internationaux plus forts que tout autre pays: deux tiers des chercheurs travaillant en Suisse ont effectué leur doctorat à l’étranger. La crise relationnelle entre la Suisse et l’UE perdure Près d’un an après l’abandon des négociations sur un accord-cadre, la Suisse effectue une nouvelle tentative pour régler ses futures relations avec l’UE. Mais le chemin qui mène à une solution viable entre Berne et Bruxelles est encore long, et empreint de défiance des deux côtés. Sur le plan de la politique intérieure aussi, aucun consensus n’est en vue. Une sorte de «ligue des champions»: avec son budget de 100 milliards pour la période 2021-2027, Horizon Europe est le plus grand programme de recherche au monde. Revue Suisse / Octobre 2022 / N°5 6 En profondeur
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