MARC LET TAU Dans la commune rurale de Stadel, dans l’Unterland zurichois, non loin de la frontière allemande, la vie était plutôt paisible au cours des siècles derniers. Le paysage, modelé par les glaciers et bordé de collines boisées, possède un caractère agricole. Là où l’on ne cultive pas, on exploite essentiellement de riches gisements de gravier, eux aussi hérités des ères glaciaires passées. Aujourd’hui, Stadel se retrouve cependant au cœur d’un énorme projet. C’est là, en effet, qu’on prévoit de construire l’accès à un gigantesque dépôt souterrain pour les déchets radioactifs. Voilà près de 50 ans que la Société coopérative nationale pour l’entreposage des déchets radioactifs (Nagra) recherchait un site d’enfouissement définitif. En septembre 2022, elle a porté son choix sur Stadel et son sous-sol rocheux très stable. L’argile à Opalinus qu’on y trouve offre la plus grande sécurité possible pour le confinement de matières radioactives, affirment les experts de la Nagra. Leur CEO, Matthias Braun, note qu’entre tous les sites examinés, Stadel est celui qui Un dépôt souterrain radioactif pour l’éternité La Suisse produit de l’énergie nucléaire, et donc des déchets radioactifs ultratoxiques qu’il faut entreposer en sécurité pour des millénaires. Après 50 ans de recherches actives, le lieu où l’on enfouira ces déchets dangereux vient d’être déterminé. De nombreuses questions restent cependant ouvertes sur ce dépôt qui coûtera 20 milliards de francs. présente «les plus grandes marges de sécurité». Ce qu’il entend par là, c’est que la géologie parle en faveur de ce site, et non le fait que l’opposition politique y soit faible. Des dimensions temporelles inconcevables Il est prévu de creuser, à proximité de Stadel, des puits d’une profondeur allant jusqu’à 900 mètres. Ces puits formeront l’accès aux cavernes qui seront aménagées dans l’argile à Opalinus pour abriter les déchets radioactifs. Pour ce projet, la Nagra s’appuie sur des dimensions temporelles inconcevables: d’après l’état actuel des connaissances, les déchets faiblement et moyennement radioactifs doivent être confinés en sécurité pendant 30 000 ans, et la Nagra prévoit environ 200 000 ans pour les déchets hautement radioactifs. Les «marges de sécurité» doivent donc permettre d’exclure, pour près d’un million d’années, que la matière radioactive remonte à la surface d’une manière ou d’une autre. La Nagra a sondé les couches géologiques profondes – comme ici, près de Stadel – à la recherche d’argile à Opalinus. D’après l’état actuel des connaissances, celle-ci se prête à l’enfouissement des déchets radioactifs. Photo Keystone Revue Suisse / Décembre 2022 / N°6 13 Nature et environnement
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