Revue Suisse 4/2023

un téléphérique rejoint d’abord Cardada (1340 m), localité de montagne dotée d’une petite église et de deux restaurants, où de nombreux Locarnais possèdent une résidence secondaire. En 2000, le téléphérique a été rénové par le célèbre architecte Mario Botta, qui en a aussi relooké les gares. Depuis, les portes de la cabine s’ouvrent et se ferment automatiquement. Une fois arrivé à Cardada, on respire littéralement un autre air. En été surtout, lorsque Locarno est une fournaise, la fraîcheur de Cardada fait l’effet d’une libération. Un télésiège permet ensuite de franchir les 300 bons mètres de dénivelé qui séparent Cardada de Cimetta. Il s’agit du dernier télésiège de Suisse à posséder des sièges latéraux, ce qui en fait une sorte de monument industriel des années 1950. Le panorama est sublime. De la station supérieure, il ne reste que quelques mètres à gravir à pied pour atteindre la plate-forme de Cimetta. On jouit ici d’un panorama incroyable allant du lac Majeur à la pointe Dufour, dans les Alpes valaiLa montagne sous le soleil Nul autre lieu en Suisse ne jouit d’un ensoleillement aussi important que Cardada Cimetta, au-dessus de Locarno. Cela attire les spécialistes de la recherche solaire. Petit tour d’horizon. sannes, et donc du point le plus bas au point le plus haut de Suisse. La plate-forme est traversée par la «ligne insubrienne», qui sépare les Alpes centrales du Sud alpin. C’est en quelque sorte ici que passe la frontière entre le nord et le sud du Tessin, entre les plaques continentales de l’Europe et de l’Afrique. Cette ligne est marquée en rouge sur la plate-forme. Plus haut, plus grand, plus rapide, plus beau? À la recherche des records suisses qui sortent de l’ordinaire. Aujourd’hui: l’endroit le plus ensoleillé de Suisse… et sa part d’ombre Juste au-dessous du point de vue, on voit, bien en évidence, plusieurs instruments de mesure de MétéoSuisse. C’est ici que l’on mesure la durée de l’ensoleillement, révèle le météorologue Nicola Gobbi. Il travaille pour la «station météorologique de Locarno», comme on a longtemps appelé le centre régional de MétéoSuisse à Locarno-Monti. Sur le toit de la station, l’homme nous montre le SPN-1, l’appareil moderne aujourd’hui utilisé pour mesurer la durée de l’ensoleillement, mais aussi le Solar 111 B de la société Hänni, un appareil plus ancien, dont on se sert encore à Cimetta. Grâce à des ailettes pivotant rapidement, ce dernier permet de couvrir d’ombre les cellules solaires les unes après les autres à de brefs intervalles. La durée d’ensoleillement est déterminée comme étant la somme de tous les instants durant lesquels un écart minimal est dépassé entre l’ensoleillement non perturbé et la valeur relevée lors de la projection d’ombre. Il existe 260 stations de mesure automatiques telles que celle-ci La plate-forme de tous les extrêmes: ici, sur la montagne des Locarnais, le soleil brille en moyenne 2256 heures par an. La terrasse est située à la jonction entre les plaques continentales d’Europe et d’Afrique. Photo Gerhard Lob © Swisstopo Revue Suisse / Août 2023 / N°4 15

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