Revue Suisse 4/2023

STÉPHANE HERZOG Le chanteur suisse Gjon’s Tears a sorti en avril son premier album, intitulé «The Game». Mais le jeune Gruérien, installé à Paris, a touché ses premiers fans il y a bien longtemps déjà. Ceci par la grâce de l’Eurovision et des émissions de télécrochet. Des contenus propulsés à l’infini par YouTube. Ainsi en va-t-il pour «Tout l’univers», le clip officiel de l’Eurovision 2021, commenté par plus de 3600 internautes. Arrivée troisième à ce concours, sa prestation a généré 55 millions de vues. C’est un artiste né au monde par Internet, qui le lui rend bien. «Classe mondiale, c’est notre Federer chanteur», commente au sujet du titre «Cancer» un certain Domups. «Tu me fais pleurer dans mon lit à 00h42», écrit une autre fan. La chanson est d’une mélancolie insondable. «Quand il t’aura rattrapé. Dans l’insomnie tu vivras. Avant qu’il te prenne dans ses bras» chante Gjon Muharremaj, dont le personnage de scène se reconnaît à des larmes bleues ou noires dessinées sur l’une ou deux de ses joues. «J’ai pleuré en écoutant Cancer», écrit acidlulluby sur YouTube, qui avoue ne rien comprendre aux paroles, mais qui explique que la voix perchée si haut de Gjon’s Tears lui fait ressentir la chanson «avec son cœur». Le titre en question est dédié à une amie de l’artiste décédée d’une leucémie. Dialogue avec Géraldine Chaplin «The Game» offre à voir toute l’étendue du talent de Gjon’s Tear, dont la voix couvre un large champ d’octaves. Il y a de la tristesse, de la mélancolie, de la joie. Certains titres sont de purs tubes. Ainsi justement «Pure», lancé sur fond de basse électrique et dont la vidéo très soignée – comme les autres d’ailleurs – commence par un dialogue avec Géraldine Chaplin. «La vie est dure mais elle le vaut. Quand Gjon’s Tears, la voix suisse qui fait pleurer le monde entier Après des années de succès à la télévision et sur YouTube, le chanteur suisse d’origine kosovare sort son premier album. «The Game» offre une pop poétique, qui touche les cœurs au-delà des frontières. elle est pure, mon Dieu, mon Dieu que c’est beau», chante Gjon’s, qui évoque la nécessité de «jouer des coudes» pour y arriver, mais aussi «des coups dans le dos». Rappel de certaines déconvenues vécues par le Fribourgeois durant son exil parisien. «C’est là qu’il faut être, mais le show business n’est pas toujours un lieu très agréable à vivre», a expliqué le Suisse dans une interview. Une enfance musicale dans la Gruyère L’histoire de ce jeune homme sensible est une sorte d’ode à la Suisse plurielle. Gjon Muharremaj naît le 29 juin 1998 Les larmes collées sont artificielles, mais les sentiments qu’il exprime sont bien réels: Gjon’s Tears touche les gens en plein cœur. Photos Keystone (à gauche), Jo&Co (en haut) Revue Suisse / Août 2023 / N°4 28 Écouté pour vous

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