banque était en difficulté. Or, il a fallu attendre mars pour qu’un plan de sauvetage voie le jour. Le tout a paru quelque peu improvisé, contrairement à ce qu’il s’était passé avec UBS. Cela m’a surpris. Nous n’en savons pas encore assez pour juger le comportement des autorités: la commission d’enquête parlementaire nous éclairera à ce sujet. Et CS devrait lui aussi faire sa part, spontanément, en livrant un rapport détaillé sur ce qui a capoté. Il le doit à la Suisse. Malgré les pertes et les scandales, CS distribuait des rémunérations et des bonus astronomiques. Certains En tant qu’historien, je suis moins surpris que cela n’ait pas fonctionné. En cas de crise, on a besoin de plans simples. La réglementation «too big to fail» était trop complexe, immature et un peu irréaliste. Un cas comme celui-ci implique toujours l’aval politique d’autorités étrangères. Or, cela peut prendre du temps. Face aux marchés financiers mondialisés, que peut encore faire la capitale fédérale? Plusieurs choses. L’État peut et doit agir énergiquement quand il s’agit de stabiliser des banques. Dans le cas d’UBS, il l’a très bien fait. La banque a été étatisée, partiellement et temporairement, et à la fin la Confédération y a même gagné quelque chose. Et UBS a adapté sa culture du risque. Dans le cas de CS, les autorités ont estimé qu’une fusion était plus sûre. L’avenir dira s’il s’agissait de la bonne solution. À qui ou à quoi est dû le naufrage de CS? Au management et au conseil d’administration. CS était mal dirigé depuis des années. Mais les autorités aussi doivent répondre à des questions. Depuis octobre 2022, on savait que la 1991 1997 2008 Crash d’une banque régionale La Caisse d’épargne et de prêt de Thoune, dans l’Oberland bernois, voit trop grand en matière de financements immobiliers et fait faillite. Les images de ce crash bancaire dans une Suisse réputée riche et solide font le tour de la planète. Plus de 220 millions de francs issus de fortunes privées et commerciales partent en fumée. Fusion au sein d’UBS Les deux banques historiques que sont l’Union de Banques Suisses et la Société de Banque Suisse fusionnent au sein d’UBS, qui devient la plus grande banque de Suisse. Son but est de renforcer ses activités financières internationales pour faire partie de l’élite mondiale. L’État sauve UBS Après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, UBS plonge dans le chaos de la crise financière. La Confédération et la Banque nationale suisse (BNS) injectent 60 milliards de francs pour éviter sa faillite. Finalement, l’opération ne coûte rien aux contribuables. banques n’est plus un tabou. Depuis les années 1990, la vulnérabilité du système bancaire, hypermondialisé et hyperlibéralisé, est évidente. Il est devenu tout à fait normal que les États interviennent régulièrement. Ils ne peuvent pas faire autrement, car sans cela, les grandes crises financières mondiales s’enchaîneraient. À l’étranger aussi, on attend de la Suisse qu’elle prévienne les incidents qui mettraient en péril tout le système bancaire. Après le sauvetage d’UBS, le Parlement a toutefois voulu éviter, à l’aide de la loi «Too big to fail», que l’État et les contribuables soient à nouveau confrontés à des risques financiers aussi importants. Peut-on parler d’un réveil politique brutal? Tobias Straumann (57 ans) est professeur d’histoire contemporaine et économique à l’Université de Zurich. Ses recherches portent notamment sur l’histoire de la finance et de la monnaie. Il s’intéresse en particulier à l’interaction entre les crises économiques, les institutions et la politique. «L’importance économique de la place financière est surestimée.» Photos Keystone
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