mal avec la culture d’entreprise suisse. En outre, les grandes banques suisses plaçaient souvent des employés de seconde classe à Londres et à New York, qui se comportaient comme des mercenaires et ne pensaient qu’à se faire un maximum d’argent en peu de temps. UBS a racheté CS en juin: la banque géante qu’elle est désormais est-elle viable? Elle est plus petite que ne l’était UBS avant la crise financière, et elle réduira certainement encore un peu sa voilure. Mais il est vrai qu’elle reste immense, puisque que la somme de son bilan atteint le double du produit intérieur brut (PIB) suisse. Je ne sais pas si elle est viable. Il est très probable qu’elle aussi connaisse un jour des difficultés et que l’État doive intervenir. Et l’on peut d’ores et déjà affirmer qu’introduire des règles plus strictes n’y changera rien. Pourtant, certains politiques exigent actuellement des réglementations plus strictes pour les banques d’importance systémique. Il serait bon d’exiger un peu plus de réserves, c’est-à-dire une plus grande part de fonds propres. Mais même ainsi, UBS ne sera pas à l’abri, il faut le savoir. Le système financier mondial est très vulnérable. CS était en maubanquiers semblent n’être plus guidés que par l’appât du gain, qui leur fait prendre tous les risques. Où est la banque entrepreneuriale d’autrefois, qui a fait avancer la Suisse? CS a conservé un secteur entrepreneurial jusqu’à la fin. Dans le domaine des crédits accordés aux entreprises, il a fait du très bon travail. Il est vrai que les fondateurs de la banque autour d’Alfred Escher, au XIXe siècle, ont investi dans les infrastructures. Mais les activités ferroviaires étaient déjà risquées, elles aussi. CS a connu des débuts mouvementés, car les cours boursiers des sociétés de chemin de fer n’arrêtaient pas de fluctuer. Quand ça allait bien, les banquiers aussi gagnaient bien. Et quand ça allait mal, ils ne touchaient pas de bonus. Voilà la différence avec aujourd’hui. Les erreurs de CS sont dues à la cupidité, oui, mais surtout à l’incompétence du conseil d’administration et de la direction. En quoi étaient-ils incompétents? À partir des années 1990, les grandes banques suisses se sont fortement internationalisées. Or, il est très difficile pour un management suisse de tenir bon sur les places financières de Londres et de New York. Les banquiers d’investissement anglo-saxons ont une tout autre mentalité, qui s’accorde 2010 2011 2021 Excès de bonus à CS Le patron du groupe CS, Brady Dougan (photo), touche un bonus de 71 millions de francs en plus de son salaire annuel (env. 19 millions), battant un nouveau record. Cette culture de bonus excessifs sera régulièrement critiquée en Suisse, mais les actionnaires de CS laissent faire. Milliards de pertes pour CS Des investissements risqués dans la société financière Greensill et le hedge fund Archegos entraînent des milliards de pertes pour CS. L’Autorité suisse de surveillance des marchés financiers (FINMA) ouvre une procédure contre Greensill et impose des mesures à CS. Loi «Too big to fail» Le Parlement suit la ministre des finances Eveline Widmer-Schlumpf (photo) et impose des règles plus strictes aux banques dont la faillite serait dommageable pour l’économie nationale, notamment UBS et CS. Elles sont «too big to fail», trop grandes pour faire faillite. Les exigences financières sont accrues, le cas d’insolvabilité est réglementé. 6 En profondeur
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