chaînées». À cela s’ajoute le fait que les Verts n’ont plus l’apanage de la politique climatique et environnementale. La politologue renvoie au large consensus relatif à la loi sur le climat, qui a été soutenue par tous les partis hormis l’UDC. Élections du Conseil fédéral en décembre Après le dimanche électoral, la répartition définitive des 46 sièges du Conseil des États n’était pas encore connue. 13 sièges ne seront attribués qu’au second tour, à la mi-novembre, après la clôture de la rédaction de ce numéro de la «Revue». C’est alors qu’apparaîtra aussi l’issue du faceà-face entre le PLR et le Centre à la Chambre haute. Une chose est sûre: le Conseil des États restera dominé par les forces conservatrices. Au cours de ces quatre dernières années déjà, il a régulièrement freiné le Conseil national, plus progressiste, par exemple en ce qui concerne la hausse du financement des crèches. Le glissement à droite observé au Conseil national rapproche politiquement les deux Chambres du Parlement. Les parlementaires fraîchement élus se mettront au travail début décembre. Le 13 décembre, les membres du gouvernement national seront également élus pour un nouveau mandat. Tous les regards sont tournés vers l’élection de celui ou celle qui succédera au conseiller fédéral PS sortant, Alain Berset. La revendication de ce siège par le deuxième parti le plus fort de Suisse n’est contestée par aucun des autres partis. D’après la célèbre «formule magique», les trois partis comptant le plus d’électeurs ont chacun droit à deux sièges, et le quatrième parti, à un siège. Conformément à cette logique, la composition politique actuelle du Conseil fédéral – 2 UDC, 2 PS, 2 PLR, 1 Centre – conserve sa validité. Les deux conseillers fédéraux PLR en poste, le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis et la ministre des finances Karin Keller-Sutter – peuvent eux aussi s’attendre à être réélus en décembre. Néanmoins, la force croissante du Centre pourrait tôt ou tard rallumer le débat autour de la formule magique. Les Verts n’ont quant à eux pas les bonnes cartes en main, et doivent pour l’heure enterrer leur rêve d’avoir leur propre siège au Conseil fédéral. La «Cinquième Suisse» vote nettement plus vert et un peu plus à gauche Comment les Suisses de l’étranger ont-ils voté le 22 octobre 2023? Leur positionnement s’avère nettement plus vert, un peu plus à gauche et un peu plus libéral que celui des électeurs vivant en Suisse. Concrètement, c’est le PS qui a convaincu le plus d’électeurs de la «Cinquième Suisse» (20,4 %, contre 18,3 % pour toute la Suisse), suivi par l’UDC (18,5 %, CH: 27,9 %), qui prend le lead du camp bourgeois chez les Suisses de l’étranger. L’UDC est talonnée par les Verts (18,4 %, CH: 9,8 %), et le PLR affiche de son côté un résultat de 13,6 % (CH: 14,3 %). Les Vert’libéraux ont réalisé un meilleur score à l’étranger qu’en Suisse (11,4 %, CH: 7,6 %). Quant au Centre, il a dû se contenter d’une part d’électeurs de 7 % (CH: 14,1 %). Par rapport aux élections de 2019, la «Cinquième Suisse» a elle aussi viré à droite, mais de façon moins marquée que la Suisse dans son ensemble: le PS, les Verts et les Vert’libéraux rassemblent un peu plus de 50 % des voix, contre près de 53 % il y a quatre ans. Les candidats suisses de l’étranger n’ont pas convaincu. Leurs résultats électoraux ont souvent été modestes, bien trop pour leur assurer un siège au National. Et même les candidats qui avaient réalisé un résultat respectable en 2019 ont été engloutis sous la masse des listes électorales et des candidatures en 2023. Fait frappant: la participation de la «Cinquième Suisse» aux élections s’est avérée plus faible qu’en 2019 dans bien des cantons. Elle a néanmoins nettement augmenté à Bâle-Ville, qui testait le canal de vote électronique, où elle a atteint 23,8 % (2019: 19,2 %). À Saint-Gall, qui testait aussi l’e-voting, la participation a légèrement progressé. MARC LETTAU changement climatique comme un thème essentiel, les Verts soient ressortis perdants des élections. Pour Sarah Bütikofer, cela est dû au fait que la situation actuelle n’est pas comparable à celle d’il y a quatre ans: «En 2019, l’atmosphère était au progrès et le sujet du climat, omniprésent: cela a poussé beaucoup d’électeurs à glisser un bulletin vert dans les urnes.» Depuis, le contexte mondial a totalement changé. Entre la pandémie, les guerres et la débâcle de la banque Credit Suisse, «les crises se sont enAperçu des résultats de l’Office fédéral de la statistique: revue.link/elections23 Jamais encore les élections n’avaient généré autant de candidats qu’en 2023: 5909 personnes au total ont brigué un des 200 sièges du Conseil national. Leurs noms figuraient sur 618 listes, ce qui constitue aussi un record. Revue Suisse / Décembre 2023 / N°6 6 En profondeur
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