Revue Suisse 1/2024

Effroyable et honteux: en Suisse, des centaines – au bas mot – d’enfants et d’adolescents ont été abusés sexuellement par des directeurs de conscience catholiques. Les agressions sexuelles sont toujours inexcusables. Mais lorsqu’elles sont commises par des individus qui, aux yeux des enfants, incarnent la bonté et la protection, la foi et la morale, elles prennent une dimension monstrueuse. Pour les victimes. Mais aussi pour l’Église. Et c’est ce dont fait actuellement l’expérience l’Église catholique romaine de Suisse, in extremis. Ayant initié elle-même l’exploration de ce sombre passé, elle n’en est pas moins exposée à une tempête d’indignation. Les fidèles lui tournent le dos en grand nombre. Et les organismes laïcs responsables de la vie de l’Église en Suisse, les paroisses et leurs comités élus démocratiquement, se rebellent un peu partout contre le clergé catholique. Nous abordons ce grave sujet dans notre dossier «En profondeur», et y citons un théologien, qui affirme que l’Église catholique traverse là sa crise la plus profonde depuis la Réforme. Ce cataclysme a-t-il un intérêt au-delà des cercles catholiques? Oui, car l’Église est en perte de vitesse depuis des dizaines d’années en Suisse, et le phénomène est de plus en plus frappant: la société dans son ensemble, qui aime à se réclamer des valeurs de l’Occident chrétien, se sécularise à toute allure. La chronologie le montre: en 1970, près de 98 % des citoyens faisaient partie de la communauté de croyance catholique, protestante ou juive en Suisse; en 2020, ils étaient un peu plus de 60 %. Les personnes qui ne sont pas du tout portées sur l’Église et la religion au sens classique du terme forment d’ores et déjà la plus grande «communauté de croyance». Les dossiers qui viennent d’être extraits des archives catholiques accélèrent encore cette évolution. La façon dont le gouvernement suisse est élu ne fait quant à elle l’objet d’aucune évolution accélérée, bien au contraire. D’abord, on discute avec ardeur: faut-il, oui ou non, remanier la mystérieuse loi non écrite qui régit la répartition des sièges entre les partis politiques au Conseil fédéral, la fameuse «formule magique»? On débat, on débat… et finalement, tout reste comme avant. La «formule magique» est donc plutôt une «formule statique». Comprenons-nous bien: de nombreux Suisses apprécient l’ennuyeuse fiabilité de leur système politique, qu’ils trouvent préférable aux séismes populistes. Eh bien, à ce propos, la Suisse vient d’élire son nouveau gouvernement pour quatre ans. Rendez-vous en page 18. MARC LETTAU, RÉDACTEUR EN CHEF 4 En profondeur De nombreuses agressions sexuelles ébranlent l’Église catholique 8 Sélection / Nouvelles 9 Reportage La poule est un animal de compagnie de plus en plus apprécié en Suisse 12 Élections La formule déterminant la composition du gouvernement national reste inchangée 14 Société Le crack se répand dans de nombreuses villes suisses, et surtout à Genève Actualités de votre région 17 Chiffres suisses On déménage de moins en moins en Suisse, et la raison est vite trouvée 18 Politique L’avenir de la prévoyance vieillesse fait l’objet d’idées diamétralement opposées 20 Nature et environnement Nucléaire: pas de nouvelles centrales à l’ordre du jour, et pourtant… 24 Littérature En 1941, Rudolf Kuhn décrivait déjà les conséquences d’une bombe atomique 25 Nouvelles du Palais fédéral 28 Infos de SwissCommunity Exceptionnellement, vous trouverez le courrier de notre lectorat sur www.revue.ch Lorsque le prêtre protecteur se mue en agresseur Photo de couverture: le rite de l’encens dans l’église d’un monastère suisse. Photo Keystone La «Revue Suisse», magazine d’information de la «Cinquième Suisse», est éditée par l’Organisation des Suisses de l’étranger. Revue Suisse / Janvier 2024 / N°1 3 Éditorial Table des matières

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