DÖLF BARBEN On ose à peine le dire tout haut, mais d’un point de vue purement subjectif, la Suisse semble être devenue plus silencieuse ces dernières décennies. Et elle pourrait bientôt le devenir encore davantage: en novembre dernier, une «initiative sur les feux d’artifice» a été déposée, exigeant que les particuliers aient l’interdiction, dans tout le pays, de lancer des fusées d’artifice bruyantes et des pétards. Elle est soutenue par plusieurs organisations de protection de la nature et des animaux, dont Pro Natura et le Zoo de Zurich. Cette initiative pourrait l’emporter. À la fin de l’année 2023, un sondage a révélé l’existence de 76 % d’avis favorables. Dans le camp du pour, l’argument numéro un est le bien-être animal. Les opposants font plutôt profil bas. Interviewé par la «Neue Zürcher Zeitung», le directeur d’une entreprise de feux d’artifice s’est plaint de l’établissement d’une «culture de l’interdiction». Silence, s’il vous plaît! Dans les conflits liés au bruit, le ton monte vite Bientôt la fin des feux d’artifice et des pétards, toujours moins de carillons dans les églises, progression des pneus silencieux et des revêtements de route antibruit: le silence s’emparera-t-il peu à peu de la Suisse? Une chose est sûre: les conflits liés au bruit font toujours… beaucoup de bruit. Le peuple devra bientôt donner de la voix: une initiative qui veut mettre fin au bruit des feux d’artifice a abouti. Photo Keystone Il est vrai que proscrire les feux d’artifice privés rendrait la Suisse plus silencieuse, surtout le 1er août et le soir du nouvel an. Dans certaines communes comme Saint-Moritz ou dans le centre-ville de Berne, de telles interdictions existent déjà. Mais le problème du bruit va bien au-delà de celui causé par les fusées et les pétards. Il concerne surtout le trafic. Et très souvent les cloches des vaches et des églises. Davantage d’exposition au bruit Notons d’emblée que si l’on considère le problème du bruit d’un point de vue objectif, la Suisse n’est pas vraiment devenue plus silencieuse. Dans le dernier rapport sur l’environnement du Conseil fédéral, on lit même qu’il y a aujourd’hui nettement plus de personnes exposées à un bruit nuisible et incommodant qu’au moment de l’entrée en vigueur de l’ordonnance sur la protection contre le bruit, il y a plus de 30 ans. Malgré les améliorations techniques apportées aux voitures, aux trains et aux avions, la pollution sonore n’a pas diminué dans l’ensemble, indique le rapport. Les raisons à cela sont la croissance du trafic et la circulation de voitures plus lourdes et équipées de pneus plus larges. Mais aussi la croissance démographique et le développement urbain. Les habitants des villes et des agglomérations sont particulièrement impactés par le bruit. Néanmoins, ce rapport indique aussi que les innovations techniques et tout l’argent investi dans la protection contre le bruit ont porté leurs fruits: ils ont permis de soulager localement la population de manière notable. Ça ne ferraille plus, ça ronronne Mais tout de même. Si l’on n’habite pas juste à côté d’une route très fréquentée ou dans le Haslital – où l’on entend gronder les F/A-19 ultra-bruyants à leur décollage de l’aé12 Nature et environnement
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