Les agriculteurs représentent un peu plus de 2 % de la population active, alors que la part de leurs représentants au Parlement – agriculteurs actifs et fonctionnaires – s’élève à près d’un sixième. entre grandes exploitations industrielles, exploitations bio et exploitations de montagne. Il n’en reste pas moins que l’on s’étonne, du moins à première vue, de voir les agriculteurs suisses manifester bruyamment pour exprimer leur mécontentement. Car à la différence d’autres pays, leur influence au cœur du pouvoir politique, au Palais fédéral, est grande. Très grande. Le lobby paysan Bien que les agriculteurs forment un groupe économique marginal, qui ne représente que 0,6 % du produit national brut de la Suisse, leur branche est soutenue, protégée et choyée comme nulle autre. À coup de milliards de francs. Deux chiffres clés: chaque année, 2,8 milliards de francs de recettes fiscales de l’État sont versés aux paysans sous la forme de tré par Markus Ritter, a déjà fait échouer le contre-projet du Conseil fédéral au Parlement. Le monstre bureaucratique Mais cette habilité stratégique au Palais fédéral n’empêche pas le fait que de plus en plus de paysans sont aux abois. Il est difficile de se faire une idée globale de la situation. Les problèmes d’une exploitation ultramécanisée et ultraperformante du Plateau ne sont pas les mêmes que ceux d’une petite ferme située sur un flanc de montagne escarpé. On peut néanmoins résumer le tableau comme ceci: les paysans travaillent beaucoup et gagnent peu. D’après les statistiques, leur durée de travail hebdomadaire moyenne dépasse nettement 50 heures, et le salaire horaire calculé est inférieur à 20 francs. Nombre de familles paysannes marchent donc sur la corde raide. Elles parviennent à s’en sortir parce qu’elles vivent dans la ferme qu’elles ont peut-être rachetée à bon prix à leurs parents, et ne paient pas de loyer. Mais elles gagnent trop peu pour pouvoir investir. Qu’une rénovation de la ferme s’avère nécessaire et c’est toute l’exploitation qui est menacée. D’autant plus que les agriculteurs passent toujours plus de temps dans leur bureau, à remplir des formuCette protection contre la concurrence est aussi le fruit du fait que le lobby paysan a encore gagné en puissance politique en Suisse après les dernières élections de l’automne 2023. Et ce, paradoxalement, malgré le recul constant du nombre d’exploitations agricoles. Les agriculteurs représentent un peu plus de 2 % de la population active, alors que la part de leurs représentants au Parlement – agriculteurs actifs et fonctionnaires – s’élève à près d’un sixième. Le conseiller national Markus Ritter (Le Centre), président de l’USP, fait partie des parlementaires les plus influents. En 2022, il a réussi un coup de maître en concluant une alliance avec les grandes fédérations économiques et en s’assurant ainsi de leur soutien dans la lutte contre les initiatives populaires de gauche qui veulent prescrire davantage d’écologie aux paysans. La prochaine épreuve de force aura lieu le 22 septembre 2024, quand le peuple se prononcera sur l’initiative relative à la biodiversité, lancée par les Verts et les défenseurs de l’environnement. Une offensive que l’USP qualifie d’«extrême». Le lobby paysan, orchespaiements directs pour prestations écologiques. De plus, des taxes à hauteur de plus de 3 milliards de francs par an, appliquées sur les prix des produits agricoles importés, protègent le secteur de l’agriculture suisse. Fermes individuelles isolées ou élevages industriels: en moyenne, les paysans travaillent beaucoup et gagnent peu. Photos Keystone Les consommateurs sont exigeants, mais sont-ils prêts à payer des prix équitables? Photo Keystone Revue Suisse / Juillet 2024 / N°4 6 En profondeur
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