Revue Suisse 5/2024

Une erreur de calcul concernant l’AVS provoque de vifs remous politiques En août, les autorités fédérales l’ont confirmé: leurs calculs concernant l’avenir financier de l’AVS, un pilier central de la prévoyance vieillesse suisse, étaient faux. L’office fédéral chargé d’établir des prévisions a commis une erreur de 14 milliards de francs à cause d’une formule de calcul erronée. Autrement dit, l’AVS est en meilleure santé financière que ce qu’on pensait. Cette erreur a désormais des conséquences politiques. Car les prévisions financières – inexactes – étaient un argument majeur, notamment lors de la votation populaire du 25 septembre 2022 sur la hausse de l’âge de la retraite des femmes. Ces chiffres trop pessimistes figuraient également dans le matériel de vote. Pensant que l’AVS était en détresse financière, une petite majorité de 50,5 % avait finalement accepté d’élever l’âge de la retraite. Les Verts suisses, en particulier, exigent à présent une nouvelle votation à ce sujet. Leur présidente, Lisa Mazzone, a déjà annoncé que le parti ferait recours auprès du Tribunal fédéral, la plus haute instance judiciaire suisse. Le Parti socialiste a, quant à lui, immédiatement exigé que l’introduction de la 13e rente AVS approuvée par le peuple soit mise en œuvre plus tôt que prévu, à savoir dès 2025, puisque, souligne-t-il, l’argent pour ce faire est disponible. Plusieurs politiciens du camp bourgeois ont eux aussi réagi avec véhémence à l’erreur de calcul des autorités, leur reprochant d’avoir trahi la confiance du peuple dans les institutions nationales, et ce à un moment où la Confédération annonce de douloureuses mesures d’austérité de grande ampleur (à ce sujet, voir p. 9). (MUL) Jeux olympiques: la Suisse remporte huit médailles, et en manque neuf de peu Avec sa victoire olympique à Paris, Chiara Leone (26 ans) a fait la joie de la Suisse. La tireuse a remporté haut la main l’épreuve de tir à la carabine à 50 mètres trois positions. Julie Derron (triathlon) et Steve Guerdat (saut d’obstacles) ont, quant à eux, fait gagner des médailles d’argent à la Suisse. Et cinq sportifs suisses ont remporté le bronze: Zoé Claessens (BMX Racing), Audrey Gogniat (carabine à air comprimé à 10 m), Roman Mityukov (natation, 200 m dos), Roman Röösli et Andrin Gulich (aviron, deux sans barreur) ainsi que le duo constitué par Tanja Hüberli et Nina Brunner (beachvolley). Ce bilan permet à l’association Swiss Olympic d’atteindre le but qu’elle s’était fixé, même si sa joie est légèrement troublée par le fait que dans neuf disciplines, les athlètes suisses sont arrivés au quatrième rang, manquant ainsi de peu un succès olympique. Dans le tableau des médailles, la Suisse se situe donc bien plus bas que d’ordinaire, en se classant 48e. (MUL) Vous trouverez également des informations plutôt étonnantes sur les anciens médaillés suisses aux Jeux olympiques dans notre rubrique «Chiffres suisses» (p. 19). Susanne Wille Elle s’est vu confier le poste sans doute le plus ardu de la branche suisse des médias: dès le 1er novembre 2024, Susanne Wille sera la directrice générale et présidera aux destinées de la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) et de ses 7000 employés dans toutes les parties du pays. L’entreprise de médias de droit public possède des chaînes en quatre langues: SRF en Suisse alémanique, RTS en Suisse romande, RSI au Tessin et RTR dans l’espace romanchophone. La plate-forme web internationale Swissinfo, qui relate l’actualité suisse en dix langues, lui appartient aussi. Financée par la redevance, la SSR fait face à des vents contraires. En 2026, le peuple votera sur l’initiative «200 francs, ça suffit!». Lancée par des partis de droite, celle-ci exige que les ménages privés ne paient plus que 200 francs au lieu de 335 francs par an pour le service public de radiodiffusion-télévision, et que les entreprises soient entièrement exonérées de cette «taxe obligatoire». Si l’initiative est acceptée, des coupes sombres menacent la SSR. C’est à Susanne Wille qu’échoit la mission d’éviter ce scénario redouté et de convaincre le peuple de voter non. L’ancienne animatrice de télévision, aujourd’hui responsable de la culture à SRF, est surtout connue et très appréciée en Suisse alémanique. Âgée de 50 ans, elle affirme qu’elle se battra pour une SSR «à l’écoute du peuple, proche des gens et avec laquelle on peut s’identifier». Sa popularité est vue comme un atout par ceux qui, malgré l’érosion des audiences, défendent un service public fort. La nouvelle directrice générale sera tout de même obligée de faire des économies: le Conseil fédéral entend faire un pas en direction des initiants en baissant la redevance de la SSR à 300 francs. Susanne Wille devra prendre des décisions impopulaires. THEODORA PETER Revue Suisse / Octobre 2024 / N°5 8 Sélection Nouvelles

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