entre hommes et femmes se sont tendues. «Je ne m’autorise plus à parler à une femme que je ne connais pas, ni même à vraiment la regarder», dit-il. Les lieux propices à la rencontre entre sexagénaires ne sont pas légion, Tinder remplaçant désormais une partie de ces espaces. «Je connais nombre de femmes que je croise sur cette plateforme, mais avec lesquelles je n’aborderai jamais – dans la vie réelle – cette question de la solitude, trop taboue», précise-t-il. En fin de compte, Gottfried juge que sa situation de vie hors couple s’est dégradée. «Vivre à deux permettait entre autres de partager et de discuter des problèmes», résumet-il, tout en rêvant au retour d’une relation amoureuse, à un moment où le corps fatigue et où les parents meurent. Les femmes seules en premier À Bâle, environ 75% des personnes au bénéfice d’une aide sociale vivent seules ou dans une institution, indique le Département pour l’économie, le social et l’environnement. On tées d’un haut niveau de formation décident de retarder le moment d’une vie à deux», détaille le professeur Luca Pattaroni, du Laboratoire de sociologie urbaine de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Le secteur immobilier répond à ce type de demande en créant des espace de «co-living»: des chambres pour une personne dans des immeubles dotés de services collectifs. «Quand la ville est construite avec des appartements isolés, sans espaces de rencontre, les contacts sont d’autant plus réduits», note Thomas Pfluger, directeur de «connect!», un programme national de lutte contre la solitude. «Il existe une recherche de collectif», pointe Luca Pattaroni, Puisque beaucoup vivent seuls, les rencontres à l’extérieur, dans l’espace public, sont importantes, comme ici au centre culturel animé de la Kaserne Basel. Photo Keystone qui cite l’exemple des coopératives où la vie de l’immeuble est partagée, mais aussi des lieux de cohabitation comme les «clusters», ces appartements qui regroupent des studios équipés autour de pièces communes. «La solitude, qui peut mener à la dépression, est au cœur des inquiétudes concernant la santé mentale», estime le professeur de l’EPFL. Bâle est-elle la capitale de la solitude? «Les Bâlois et les Bâloises se définissent comme un peuple de tradition et de rencontre», répond Thomas Pfluger, qui évoque le succès du Fasnacht (le carnaval) et de la Herbstmesse (la Foire d’automne). *Prénom connu de la rédaction La solitude ne touche pas que les seniors: à Bâle-Ville, un tiers des ménages solos est formé de personnes ayant entre 20 et 40 ans. note une hausse du nombre des ménages individuels, même chez les plus jeunes. En outre, Bâle-Ville voit une partie des familles avec enfants quitter la ville pour trouver un univers plus apaisé. «Le Canton promeut des infrastructures et des offres adaptées à ce public», avance Melanie Imhof, porte-parole du Département présidentiel. «Nombre de femmes doRevue Suisse / Janvier 2025 / N°1 22 Reportage
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