peuvent voter dans leur lieu d’origine ou de leur dernier domicile. Depuis 2008, certains cantons proposent le vote électronique à titre d’essai. En 2015, le premier «député international» a été élu au Parlement en la personne de Tim Guldimann, ex-ambassadeur domicilié à Berlin. Ses frais de voyage étaient pris en charge par la Confédération. Aujourd’hui, les Suisses de l’étranger sont un facteur politique. Ils sont plus de 800 000, et formeraient ainsi le quatrième plus grand canton du pays. Près de 220 000 sont inscrits au registre électoral et participent aux élections et votations. Il s’agit souvent de Suisses qui ne séjournent que provisoirement à l’étranger. Le caractère de l’émigration a beaucoup évolué avec Internet et les vols à bas prix. «Au lieu d’émigration, il vaudrait mieux parler aujourd’hui de mobilité internationale», relève Rudolf Wyder, ancien directeur de l’OSE. L’article constitutionnel de 1966 a créé un socle durable pour la relation entre la Suisse et sa diaspora, qui évolue. La nouvelle loi sur les Suisses de l’étranger est entrée en vigueur en 2015, et regroupe toutes les étapes précédentes dans un seul texte. Aujourd’hui, la «Cinquième Suisse» ne fait plus l’objet de défiance et de rejet, mais d’estime. La Confédération soutient les écoles suisses, propose un guichet en ligne aux Suisses de l’étranger, la plate-forme d’information SWI swissinfo.ch, des statistiques sur les Suisses de l’étranger ainsi que d’autres prestations relatives à l’expatriation et au retour en Suisse. On pourrait en faire davantage: «Une politique fédérale cohérente exploitant réellement le potentiel de la diaspora fait encore défaut», déplore Rudolf Wyder. D’autres pays (Irlande, Singapour) ont mis en place un ministère de la diaspora. La Suisse posséderait elle aussi une base constitutionnelle pour de telles innovations et ce, depuis 1966. Extrait du livre «Heute Abstimmung! 30 Volksab- stimmungen, die die Schweiz verändert haben» Meimuna chante la douceur dans un monde qui vacille L’artiste valaisanne Cyrielle Formaz, alias Meimuna, a sorti fin 2024 son premier album LP. «c’est demain que je meurs» surfe sur la nostalgie, les cicatrices et la renaissance. Meimuna évoque son Valais natal, sa partie conservatrice, mais aussi, sa beauté sauvage. En tournée en France en ce début d’année, elle est montée sur scène avec une seule autre musicienne, la guitariste Claire Moreau, pour défendre son premier album: «c’est demain que je meurs». Cette formule intimiste convient bien à la chanteuse et guitariste Cyrielle Formaz, qui voit des fans venir lui parler après ses concerts. «Ce sont des gens qui me connaissent depuis des années. Ils me disent que mes chansons parlent d’eux, alors qu’elles parlent de moi. C’est l’universel dans l’intime», dit-elle, jointe au téléphone durant cette tournée qui a aussi couvert l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. Elle se réjouit de ce fait presque surprenant: que dans ce monde «où les écrans aspirent les gens», il y en ait encore pour venir entendre et voir quelqu’un sur scène. «C’est presque un acte militant», s’amuset-elle, avec cette voie flutée et mutine qui fait sa signature. Quels mots définissent le mieux son approche musicale? «La mélancolie, la nostalgie et l’espoir», répond Meimuna, qui n’hésite pas à dire qu’elle cherche à travers ses chansons à réconforter ceux qui l’écoutent. Sorti en octobre 2024, «c’est demain que je meurs» est le premier album LP produit par l’artiste, alors que Meimuna existe depuis dix ans déjà. Les arrangements sont ciselés, offrant toujours une belle place à la guitare, instrument que Cyrielle Formaz pratique avec un doigté sûr, héritage d’une formation classique sur cet instrument. La chanteuse, âgée de 30 ans, est capable d’interpréter ses chansons seule, avec sa six cordes, ce qu’elle a fait sur une vidéo publiée sur YouTube, enchaînant plusieurs titres sans coup férir. C’est une artiste complète, qui s’implique dans tous les aspects créatifs de son univers: composition, enregistrement, mixage, graphisme. Nous avons dodeliné de la tête et tapé du pied en découvrant «tomber de haut», titre entêtant de son dernier album. Il est basé sur un picking de guitare (un arpège) repris et copié par des machines, sur fond de batterie et de basse. Mélodie imparable. Refrain tubesque. Paroles sensuelles et poétiques. Cyrielle Formaz, qui est illustratrice de formation, a dessiné elle-même le clip de cette chanson magnifique d’invention et de simplicité. On la voit chanter et danser sur fond de papier à dessin blanc cassé, avant de se transformer en œil puis en oiseau. «J’ai fait 3000 dessins, trois mois durant», explique la native du village d’Orsières. «Je ne serai pas l’otage / De mes histoires / Il n’est jamais trop tard / Pour tomber de haut / Souffler sur ma peau / Repartir à zéro», souffle-t-elle sur ce titre léger comme une plume, où certaines strophes font l’effet d’un haïku: «Est-ce que les parents tristes / Font des enfants tristes?», chantonne la Valaisanne. MEIMUNA: «c’est demain que je meurs» 2024, Radicalis Musics Revue Suisse / Avril 2025 / N°2 22 Lu pour vous Écouté pour vous
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