Revue Suisse 2/2025

Un ami m’a décrit récemment ce qu’il se passerait si l’on égalisait le paysage, faisant naître en moi des images difficiles à oublier. En Suisse, par exemple, si l’on aplanissait tous les sommets alpins, qu’on remblayait toutes les vallées et qu’on nivelait l’entier du pays avec de gros bulldozers, on obtiendrait un haut plateau situé à quelque 1300 mètres d’altitude. Et là où ça deviendrait vraiment intéressant, c’est si les pays voisins corrigeaient leur propre paysage de la même façon. Il existe du reste une «liste des pays par altitude moyenne»: elle ne sert pas à grand-chose, mais elle est très précise. L’Allemagne, une fois nivelée à son altitude moyenne, ne dépasserait pas 300 mètres, la France 400, l’Italie 500, l’Autriche 900 et le Liechtenstein 1100 mètres d’altitude. Ainsi, dans une Europe aplanie, les frontières de la Suisse formeraient partout une falaise incroyablement élevée. Personne ne nous arriverait à la cheville. Et un dénivelé de près de 1000 mètres nous séparerait de nos voisins du nord. Pourquoi cette image s’imprime-t-elle dans l’esprit? Nous savons tous que la frontière nationale suisse est souvent invisible. À pied, on franchit cette ligne de séparation imaginaire sans risquer de chuter. Lorsqu’on randonne dans le Jura, par exemple, on ne sait pas toujours dans quel pays on se situe. Et pourtant, ces prochains mois, la Suisse s’apprête à se demander sérieusement si elle est ou non un pays entouré de falaises infranchissables. Après des négociations qui ont paru interminables, la Suisse et l’Union européenne ont défini, dans les grandes lignes, la manière dont elles comptent organiser et entretenir leurs relations mutuelles. L’enjeu est de taille. Car il s’agit de la vie quotidienne des gens qui apprécient les frontières ouvertes de l’Europe, c’est-à-dire la libre circulation des personnes, les projets des étudiants, le commerce, l’approvisionnement, les flux d’énergie, l’immigration. Et il est l’heure pour la Suisse de sortir du bois et de faire savoir à quel point elle veut être proche de l’UE sans en devenir membre. Nous approfondissons cette question dans ce numéro. Les Suisses de l’étranger ont aussi leur mot à dire. Le Conseil des Suisses de l’étranger (CSE), ou «Parlement de la ‹Cinquième Suisse›», va bientôt être renouvelé. Nombre de citoyens pourront élire pour la première fois par vote électronique leurs délégués au CSE. Ce qui rendra celui-ci plus représentatif, et donc plus légitime pour défendre les intérêts des Suisses de l’étranger. MARC LETTAU, RÉDACTEUR EN CHEF Vers la liste des pays par altitude moyenne: www.revue.link/falaise 4 En profondeur La Suisse et l’UE veulent désormais surmonter leurs différends 9 Nouvelles Après la débâcle de Credit Suisse, le débat sur des règles plus strictes se poursuit 10 Société Le patrimoine culinaire de la Suisse compte des centaines de spécialités Le Conseil fédéral présente une loi pour interdire les symboles nazis 14 Reportage Suisse bâtisseuse: les gratte-ciel en bois sont à la mode Actualités de votre région 18 Chiffres suisses Les championnes d’Europe de la lecture sont les Suissesses 20 Lu pour vous Les votations populaires transforment la Suisse, y compris la «Cinquième» 22 Écouté pour vous Meimuna, une voix douce dans le tapage du monde 24 Sport Les Suissesses font leur entrée sur la grande scène du foot 28 Nouvelles du Palais fédéral Interview de Marianne Jenni, nouvelle directrice de la Direction consulaire 31 Infos de SwissCommunity Hautes falaises Photo de couverture: spécialités régionales du canton d’Appenzell. Illustration tirée du nouveau livre «Le Patrimoine culinaire suisse», Infolio Éditions, Gollion La «Revue Suisse», magazine d’information de la Cinquième Suisse, est éditée par l’Organisation des Suisses de l’étranger. Ina Invest/Implenia Revue Suisse / Avril 2025 / N°2 3 Éditorial Table des matières

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