à venir, elle ne soutiendrait les accords avec l’UE qu’à cette condition, entre autres. Le Conseil fédéral entend clarifier les questions ouvertes jusqu’en été, puis lancer une consultation sur le paquet global, y compris les changements législatifs concernés. Le Parlement se penchera sur le dossier européen à partir de 2026, et la votation populaire n’interviendra sans doute pas avant 2028, et donc après les prochaines élections nationales de 2027. Opposition fondamentale de la droite Au sein des partis, le nouveau deal avec l’UE a suscité des sentiments mitigés. Seuls les Vert-e-s et les Vert’libéraux se sont déjà clairement prononcés en faveur des accords. À gauche, le PS et les syndicats réclament des garanties politiques, tant en ce qui concerne la protection salariale que le service public. Le PLR, parti du ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis, a lui aussi fait preuve de retenue après l’annonce de l’achèvement des négociations. «Nous n’applaudissons pas ces accords, ni ne les condamnons», a déclaré le parti libéral-radical qui, jusqu’ici, avait soutenu sans réserve la voie bilatérale. Et de préciser qu’il voulait d’abord examiner de près les nouveaux accords. Le Centre s’est lui aussi montré peu enthousiaste, évoquant néanmoins un «net progrès» par rapport à l’échec de l’accord-cadre en 2021. La réserve du camp bourgeois s’explique notamment par l’opposition radicale de l’UDC. Ce parti conservateur de droite, qui rejette tout rapprochement avec l’UE, s’arc-boute contre cet accord qu’il qualifie de «soumission à l’UE» parce que la Suisse, dans de nombreux domaines, devra reprendre le droit européen (cf. déclaration de la conseillère nationale UDC Magdalena Martullo-Blocher, p. 7). L’UDC s’oppose aussi à l’immigration «incontrôlée». En 2020, son «initiative de limitation» avait toutefois échoué dans les urnes, la majorité des citoyens ayant alors refusé de remettre en question la libre circulation des personnes. L’UDC effectue une nouvelle tentative: avec son «initiative pour la durabilité», déposée en 2024, elle exige que la Suisse limite sa population à dix millions d’habitants jusqu’en 2050. Actuellement, le pays compte neuf millions de résidents permanents. Le peuple se prononcera sur cette initiative polémique probablement en 2026, soit au moment où le Parlement débattra des accords bilatéraux. Un oui du peuple pourrait déclencher une nouvelle crise dans les relations avec l’UE. 2025 Consultation sur le paquet de négociations et les mesures d’accompagnement en Suisse 2026 • Délibérations au Parlement fédéral sur les accords avec l’UE et les modifications législatives • Probable votation populaire sur l’initiative de l’UDC «Pas de Suisse à 10 millions» 2027 Élections fédérales au Conseil national et au Conseil des États 2028 Probable votation populaire sur les nouveaux accords avec l’UE Le libre choix du lieu de résidence et de travail est vital pour les plus de 500 000 Suisses vivant en Europe. Un large soutien nécessaire Tandis que l’UDC rejette bruyamment tout accord avec l’UE, une locomotive fait encore défaut au camp des partisans. Outre la voix des partis politiques, celle des associations économiques telles qu’economiesuisse, est attendue, car, lors des précédentes votations sur les Bilatérales I et II, elles ont toujours pesé de tout leur poids dans la balance. Mais seuls certains représentants de l’économie, comme l’entrepreneur et conseiller national PLR Simon Michel (cf. déclaration, p. 7), ont défendu les Bilatérales III avec conviction. Afin que ces accords puissent réunir une majorité, déclare le politologue Fabio Wasserfallen, professeur de politique européenne à l’Université de Berne, il faut «que leur importance pour la Suisse soit martelée par de larges cercles». Sans un tel soutien de la part de l’économie, des partenaires sociaux et des partis, il est compréhensible que le Conseil fédéral agisse avec frilosité et ne veuille pas prendre le lead tout seul. «J’ai l’impression qu’on essaye une fois de plus de gagner du temps dans le dossier européen.» Cela servira-t-il plutôt les partisans ou les adversaires de l’accord? On l’ignore. Ce qui est certain, c’est que tôt ou tard, tout le monde devra choisir son camp sur la manière de réglementer les relations de la Suisse avec ses voisins européens. Accéder au dossier: www.revue.link/voisins Revue Suisse / Avril 2025 / N°2 6 En profondeur
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