Revue Suisse 3/2020

Revue Suisse / Juin 2020 / N°3 21 Garder ses distances. Se laver soigneu­ sement les mains. Ne pas se serrer la main. Tousser et éternuer dans un mouchoir ou dans le creux du coude. Rester à la maison dès maintenant. Toujours vous an­ noncer par télépho­ ne avant d’aller chez le médecin ou aux urgences. début mars: la campagne ne convainc pas tout le monde. Dans plusieurs villes, des jeunes organisent fêtes et soirées et défient ainsi les directives officielles. Enmême temps, des initiatives privées de solidarité voient le jour, notamment en faveur des personnes âgées pour qui le virus représente un risque particulier. On fait par exemple leurs courses ou onmet en place des soins. 11 mars: à la suite de la progression fulgurante du virus en Italie du Nord, la Suisse introduit des contrôles à la fron- tière tessinoise. Toutefois, les 70000 frontaliers italiens peuvent toujours venir travailler dans le pays. 12 mars: le Tessin est le premier canton à décréter «l’état de nécessité». Les écoles, y compris les deux hautes écoles, sont fermées. La Confédération présente un paquet d’ur- gence de 10milliards de francs pour amortir les pertes des entreprises. 16 mars: le Conseil fédéral décrète l’état de «situation ex- traordinaire». Tous les magasins, restaurants, bars, étab- lissements de divertissement et de loisirs resteront fermés au moins jusqu’au 19 avril, à l’exception des ma- gasins d’alimentation et des établissements de santé tels que les pharmacies. Les écoles sont également fermées. L’armée mobilise 8000 soldats pour appuyer les cantons au niveau des hôpitaux, de la logistique et de la sécurité. 19 mars: Uri fait cavalier seul. Les autorités du petit canton demontagne décrètent une interdiction de sortie pour tou- tes les personnes de plus de 65 ans. Uri devra annuler cette mesure deux jours plus tard après l’intervention de la Con- fédération. 20 mars: le Conseil fédéral prend des mesures d’urgence draconiennes et interdit les rassemblements de plus de cinq personnes. Il appelle la population à ne sortir de chez elle que pour les achats de denrées alimentaires ou les visites chez lemédecin. Cette recommandation concerne particu- lièrement les personnes de plus de 65 ans. Le gouvernement en appelle ainsi à la responsabilité des citoyens pour limi- ter les sorties, contrairement, par exemple, à l’Italie, la France, l’Espagne ou l’Argentine qui ont décrété un confi- nement général. Par cette nouvelle ordonnance, le Conseil fédéral poursuit deux objectifs: éviter l’effondrement du système hospitalier et mettre fin à la prolifération incontrôlée de mesures can- tonales. Il renforce simultanément l’aide d’urgence à l’éco- nomie suisse, l’enveloppe passant à 42 milliards de francs. Les entreprises en difficulté peuvent obtenir immédiate- ment, sans grandes démarches administratives et sans in- térêts, jusqu’à 500000 francs de crédit par l’intermédiaire de leur banque privée. Certaines villes ferment les parcs publics. Des patrouilles de police font respecter sporadiquement l’interdiction de rassemblement et les distances à observer. 21 mars: le Département fédéral des affaires étrangères annonce l’organisation de vols spéciaux pour rapatrier 630 Suisses bloqués enAmérique latine. Le premier vol aura lieu trois jours plus tard. Le Tessin fait cavalier seul. Le gouvernement cantonal ordonne la fermeture de toutes les industries et des chan- tiers. Cette mesure représente aussi une fermeture indi- recte de la frontière pour de nombreux frontaliers. 22 mars: le juriste en chef de la Confédération rappelle les Tessinois à l’ordre. Tous les cantons doivent s’en tenir stric- tement auxmesures d’urgence de laConfédération. Aucune exceptionn’est possible, déclare le directeur de l’Office fédé- ral de la justice Martin Dumermuth. En rompant les rangs, le Tessin donne un signal dangereux. 25 mars: l’OFSP annonce le chiffre de 10000 cas de corona- virus confirmés et de 150 décès. Bilan intermédiaire Après unmois d’état d’urgence, le pays est largement para- lysé. La vie confortable que menait la majorité de la popu- lation n’est plus ce qu’elle était. Les gens vivent isolés. 80% des employés travaillent à domicile. Toutes les écoles sont fermées, les parents sont confrontés aux devoirs à la mai- son. Le tourisme, branche phare de l’économie nationale, est dans le coma. Les employés du secteur gastronomique sont menacés par le chômage. Ceux qui travaillent dans le domainemédical et les soins, en revanche, font des heures supplémentaires jusqu’à la limite de l’épuisement. Dans les champs, les cultures s’épanouissent, mais les travail- leurs saisonniers manquent à cause de la fermeture des frontières. À la fin mars, la Confédération avait reçu près de 600000 demandes d’indemnités pour réduction de l’ho- raire de travail de la part de plus de 40000 entreprises. Les trains et les bus qui circulent encore malgré l’horaire réduit sont pratiquement vides. On entend de plus en plus souvent parler de personnes mourant dans la solitude, parce que leurs proches ne peuvent plus leur rendre visite. * Renat Kuenzi est rédacteur à Swissinfo. Swissinfo propose un dossier, sans ces­ se mis à jour, sur la pandémie de coronavirus. www.swissinfo.ch Autres nouvelles sur la pandémie de coronavirus en page 4. Conseils et pictogram­ mes contre le corona­ virus tirés de la cam­ pagne actuelle de l’Office fédéral de la santé publique.

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