Revue Suisse 2/2021

Revue Suisse / Avril 2021 / N°2 29 sonne dispose de la nationalité du pays où elle réside. Dans ce cas, les au­ torités locales considèrent cette per­ sonne comme l’un de leurs ressortis­ sants uniquement. Cela rend toute démarche d’autant plus difficile. Mais cela n’a rien d’étonnant: la Suisse suit une ligne similaire. Et lorsque les membres d’une famille disposent de nationalités différentes ou multiples… Nous n’allons jamais nous limiter à soutenir un citoyen suisse. L’unité de la famille représente l’un des para­ digmes de notre action, aussi bien concernant l’enregistrement des per­ sonnes auprès de nos représentations que lorsque nous agissons en faveur d’un de nos concitoyens. Les questions liées aux nationalités multiples ne sont pas spécifiques à la Suisse, n’est-ce pas? Effectivement. Il faut toutefois rele­ ver que ces questions sont parfois instrumentalisées à d’autres fins. C’est le cas lorsqu’une personne est incarcérée de manière arbitraire pour faire pression sur les autorités de son pays d’origine. Il s’agit d’une sorte de prise en otage que je ne sau­ rais cautionner. J’ai personnellement participé à une conférence ministé­ rielle virtuelle organisée en février dernier par le Canada afin de soute­ nir le lancement d’une initiative in­ ternationale contre les détentions arbitraires de citoyens étrangers, no­ tamment ceux disposant de nationa­ lités multiples. L’application Travel Admin du DFAE a-t-elle joué un rôle primordial dans la gestion de la crise liée au coronavirus? En effet, cette application lancée en 2019 nous a été d’une grande utilité au printemps dernier pour informer, soutenir et localiser nos concitoyens bloqués à l’étranger. Les suggestions faites par les utilisateurs nous ont permis d’identifier quelques points à améliorer. Ces améliorations ont d’ores et déjà été intégrées à la nou­ velle version de l’app, comme par exemple, la possibilité facilitée d’ac­ tualiser les données d’un voyage. À l’instar de cette application, travaillez-vous également à la modernisa- tion des canaux de communication avec la «Cinquième Suisse»? Travel Admin s’adresse également aux Suisses de l’étranger lors de leurs déplacements et de leurs vacances. Dans ce sens, nous avons déjà fait un pas important pour eux également. Un autre succès a été la fête virtuelle du 1 er août qui a été très bien accueil­ lie dans de nombreux pays. Cela dit, je partage votre point de vue quant à la nécessité d’assurer une commu­ nication moderne et efficace avec les Suisses de l’étranger et entre eux. J’ai mandaté la direction consulaire pour créer une interface mobile spécifique, par exemple sous forme d’app, afin de faciliter les contacts et l’échange d’informations. Cette application devrait être disponible en 2022. Pour terminer, un mot sur le poids des Suisses de l’étranger dans les relations bilatérales de la Suisse? La défense des intérêts des citoyens suisses, où qu’ils résident, représente l’une des lignes guidant le travail de la Confédération. Je peux vous assurer que cette dimension est prise en consi­ dération lors de nos négociations in­ ternationales. Un exemple récent est celui de la politique de «Mind the gap». Cette stratégie nous a permis d’assu­ rer la continuité de nos relations avec le Royaume-Uni, malgré le Brexit, en particulier pour les Suisses de l’étran­ ger. (EDA) Les difficultés de l’acheminement postal empêchent de nom- breux Suisses de l’étranger de voter. D’après Ignazio Cassis, c’est la raison pour laquelle on testera le recours au courrier diplomatique en juin. Photo Marco Zanoni testée. Sur cette base, nous établirons si d’autres démarches peuvent être prévues. Trois quarts des Suisses de l’étranger disposent d’au moins une autre nationalité. Quel message voulez-vous leur faire passer? Qu’un citoyen suisse reste un citoyen suisse à part entière, peu importe où il réside dans le monde! Et cela reste valable quelle que soit la ou les autres nationalités dont il dispose. Mais certains problèmes existent malgré tout? C’est vrai. En particulier dans le do­ maine de la protection consulaire. Les possibilités d’intervention sont par­ fois limitées, notamment si la per­

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