Revue Suisse 1/2022

Revue Suisse / Février 2022 / N°1 22 Images veloppement. Michel Ziegler a bénéficié d’une aide de 120000 francs au fil des années, issue de différentes sources. Sans ces subventions et sans la possibilité, offerte par la fondation pour la culture Pro Helvetia, de participer à de grands salons du jeu comme celui de San Francisco, il aurait été presque impossible pour un développeur indépendant comme lui de mettre un pied dans le marché des jeux, relate Michel Ziegler. De fait, le développement de «Mundaun» a connu des hauts et des bas. Pour le public, cette persévérance a payé: jamais encore on n’avait vu un jeu vidéo comme «Mundaun». Il s’agit à la fois d’une œuvre d’art époustouflante et d’un jeu d’épouvante divertissant. On ne peut qu’espérer qu’il trouve, malgré son caractère local presque radical, un public international aussi large que possible. RAINER SIGL EST JOURNALISTE INDÉPENDANT À VIENNE. IL EST SPÉCIALISÉ, ENTRE AUTRES, DANS LES JEUX VIDÉO. le style graphique et l’atmosphère dense, portée par une musique et des sons forts réussis, font de «Mundaun» une expérience inédite. Sept heures d’énigmes à résoudre Si vous pensez que «Mundaun» n’est qu’un «simulateur de promenade», c’est-à-dire un de ces jeux dans lesquels l’expérience esthétique de l’univers parcouru est dépourvue d’éléments ludiques, rassurez-vous: il y a étonnamment beaucoup de choses à faire ici. La résolution d’énigmes variées et la découverte du monde permettent de se livrer, pendant près de sept heures, aux occupations les plus diverses: livrer bataille à desmonstres ou tenter de les éviter, trouver du bois, de l’eau et du café soluble à boire pour renforcer sa santé mentale ou encore se lancer dans une téméraire descente en luge sur une piste où la neige ne fond jamais. De surcroît, «Mundaun» raconte une histoire d’épouvante passionnante, dont le suspense ne fait que croître jusqu’à la scène finale. Des subventions ont aplani le chemin Michel Ziegler a travaillé exclusivement à la conception de son jeu, et presque entièrement seul, depuis l’automne 2014. Ce n’est qu’à la toute fin de la phase de développement qu’il a reçu du soutien de la part deMWM Interactive, maison d’édition de jeux vidéo indépendante américaine. Mais son travail sur «Mundaun» n’a pas grand-chose en commun avec l’image d’Épinal d’une carrière solo fulgurante façonnée par certaines figures d’exception légendaires comme Markus «Notch» Persson («Minecraft»). Après des études d’informatique, Michel Ziegler a attendu la fin de la vingtaine pour se lancer dans une formation d’illustrateur. S’il est parvenu à réaliser son projet original, c’est grâce aux subventions reçues pour son dé-

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