Revue Suisse 2/2023

Une goutte d’eau comme interrupteur La batterie de l’Empa est constituée d’une petite bande de papier sur laquelle sont imprimées trois encres différentes. L’encre du recto contient des flocons de graphite et constitue le pôle positif de la batterie. L’encre du verso contient de la poudre de zinc: elle forme le pôle négatif. Une troisième encre spéciale est imprimée sur les deux faces, par-dessus les autres encres. Toute la bande de papier contient quant à elle du sel. La manière dont la batterie s’allume constitue le clou du spectacle: il suffit pour cela d’une goutte d’eau. Dès que le papier s’humidifie, le sel se dissout. Et l’électricité se propage. Tant que le papier reste sec, il conserve sa charge. Ce mode d’allumage à base d’eau a toutefois un inconvénient: la batterie ne fonctionne que tant que le papier est humide; lors d’un essai, un petit réveil a par exemple fonctionné pendant près d’une heure. Mais d’autres déclencheurs sont envisageables, tels que la pression, la chaleur ou un champ électromagnétique externe. (DB) prises ont déjà signalé leur intérêt, indique Gustav Nyström. Mais il ignore encore si cela va donner quelque chose. Ce qui est certain, en revanche, c’est que lui et son équipe poursuivront leurs recherches. Ils ont déjà bien avancé sur un supercondensateur biodégradable à base de papier. Une autre idée va dans le sens d’un écran, c’est-à-dire d’un panneau d’affichage. «Des chemins passionnants s’ouvrent devant nous», s’enthousiasme Gustav Nyström. Une dernière question pour l’inventeur du prodigieux petit papier: par quelles autres inventions de la liste du magazine «Time» a-t-il été emballé? La réponse est révélatrice: Gustav Nyström ne cite ni la voiture caméléon qui peut changer de couleur, ni l’intelligence artificielle qui peint des tableaux. Les inventions qu’il trouve «particulièrement intéressantes» sont liées au développement durable, par exemple les appareils et les méthodes permettant d’éliminer le CO2 de l’atmosphère. Vidéo (en anglais) : revue.link/empa nement de la batterie en papier (voir encadré ci-contre), mais aborde bien vite le «sujet essentiel» à ses yeux, à savoir les applications écologiques possibles et la «préservation de l’environnement». Âgé de 41 ans, il a trois enfants. Par son travail, il déclare vouloir «surtout contribuer à un meilleur avenir». Cette batterie de papier n’est pas réellement puissante. Mais ce n’est pas nécessaire. Il existe aujourd’hui toute une série d’appareils électroniques jetables nécessitant très peu d’électricité. Il peut s’agir d’appareils de diagnostic médicaux ou d’emballages dits «intelligents»: la batterie peut ainsi être intégrée à un colis, pour assurer un suivi de l’envoi, ou dans le cas de marchandises sensibles comme des vaccins, pour surveiller la température pendant l’acheminement. L’un des autres domaines d’application possibles est, selon Gustav Nyström, les «technologies portables». Il s’agit de capteurs portés à même le corps et enregistrant la fréquence cardiaque ou le taux de glycémie. Et les batteries de papier seraient idéales aussi pour les appareils de mesure utilisés en extérieur, dans la nature. Si, pour une raison ou une autre, elles ne peuvent être récupérées, cela ne pose aucun problème, car elles se désagrègent au fil du temps. À présent, la batterie de papier décollera-t-elle comme une fusée sur le plan commercial? Certaines entreGustav Nyström cherche et trouve, mais le «sujet essentiel», à ses yeux, reste la «préservation de l’environnement». Photo Empa Compostage réussi: après deux mois dans la terre, le condensateur lui aussi fabriqué par l’Empa s’est désagrégé. Seules quelques particules de carbone subsistent. La nouvelle batterie de papier se comporte exactement de la même manière. Photo Gian Vaitl / Empa Revue Suisse / Mars 2023 / N°2 15

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